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cependant, de la ceinture équatoriale ou zone torride. C’est, en effet, une règle sans exception, que la zone de l’équateur est indemne de toute apparition aurorale.

Il y a des exemples célèbres de ces vastes phénomènes, apparus de notre temps. Quelques-uns de nos contemporains ont peut-être gardé le souvenir des magnifiques aurores qui ont marqué l’été de 1859. Dans la nuit du 28 au 29 août de cette année une immense radiation aurorale, dont le centre paraissait être sur l’Atlantique, couvrit l’Europe et l’Amérique, jusqu’à la zone équatoriale interdite.

Quatre jours plus tard, dans la nuit du 1er au 2 septembre 1859, une aurore semblable, formant un immense rayonnement, s’étendait à partir de l’Amérique, où elle avait son centre apparent, sur les Océans Pacifique et Atlantique. Au moment de son apparition, le jour avait déjà paru sur notre continent et cette circonstance la rendit invisible à nos yeux. Mais on eut des preuves certaines de son existence par les perturbations de la boussole et par l’orage tellurique qui aux mêmes heures désorganisèrent les réseaux électriques et suspendirent les communications télégraphiques dans presque toute l’Europe.

Il y a plus : simultanément au phénomène boréal on constatait, dans cette même journée du 2 septembre, une magnifique aurore australe. Elle était notée à Melbourne, en Australie, où elle apparaissait sous l’aspect d’un arc surbaissé assez large, appuyé de chaque côté sur l’horizon ; autour de ce pont lumineux se dessinait une série d’arcs circulaires concentriques, dont le dernier, très élevé dans le ciel, portait en son milieu une sorte de gloire. Du côté du continent américain, à Santiago, du Chili, on notait au même moment des manifestations phénoménales analogues… Il y avait eu simultanéité des aurores dans les deux hémisphères ; ou, plutôt on avait assisté dans le monde entier à une unique manifestation météorique d’une étendue immense qui avait englobé la totalité de la terre. — On a eu un autre exemple, tout aussi remarquable, d’une aurore universelle, le 4 février 1872.

Il est permis d’affirmer, d’après la comparaison des documens rassemblés à l’Observatoire de Hobarttown en Tasmanie avec ceux des Observatoires d’Europe, que les aurores boréales, même moins étendues que les précédentes, se correspondent exactement dans les deux hémisphères. Les trente-quatre aurores