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différens modes d’illumination que le passage de l’électricité provoque dans les tubes de Geissler ou de Crookes. L’extension du phénomène auroral, qui était déjà en rapport avec la latitude du lieu favorable à l’observation, est donc en rapport aussi avec la hauteur du météore au-dessus du sol. Tous ces traits sont connexes.

Un troisième caractère est tiré de l’époque d’apparition du phénomène. Ces aurores, généralement étendues, des pays de la zone tempérée se montrent au moment des équinoxes, en avril et en octobre, ou plus ou moins près de ces époques. C’est une loi qui avait déjà été aperçue par Mairan.

Il ne reste plus qu’à mentionner les deux derniers traits qui complètent le signalement de ces aurores à vaste envergure. C’est d’abord qu’elles sont dans un rapport étroit, quant à leur nombre et à leur importance, avec les périodes du maximum des taches qui se montrent sur le soleil. Les époques des maxima et des minima concordent pour les deux ordres de phénomènes. — Enfin, la coïncidence de la manifestation météorologique avec la perturbation magnétique est à peu près parfaite pour les aurores de cette catégorie.


IV

Les aurores polaires de la seconde catégorie offrent à peu près à tous les points de vue la contre-partie des faits précédens. Ce sont des phénomènes locaux qui s’étendent à peine à quelques centaines de kilomètres et souvent à des distances beaucoup moindres de leur lieu d’origine. — Ils sont particuliers aux latitudes élevées supérieures à 55°, c’est-à-dire aux stations plus septentrionales que l’Ecosse et le Danemark, en Europe, la Sibérie méridionale en Asie, la Colombie britannique et le Labrador en Amérique.

Des expériences convaincantes ont montré le faible rayon d’extension de la plupart des aurores qui se manifestent dans ces régions. — Pendant l’hiver de l’année 1872-1873, trois expéditions scientifiques explorèrent les mers polaires. L’expédition suédoise commandée par Palander et Vijkander se fixa dans la baie Mossel, au Nord du Spitzberg ; — à 300 lieues à l’Est, Payer et Weyprecht qui dirigeaient l’expédition austro-hongroise étaient prisonniers des glaces à bord du Tegethof ; — enfin, l’expédition