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avec le zénith magnétique ; que le sommet des arcs n’est pas toujours dans le méridien. Bravais et Nordenskiöld ont trouvé des écarts considérables. La loi d’orientation n’est pas observée. La loi de coïncidence des orages magnétiques avec les aurores ne l’est pas davantage : il y a des perturbations magnétiques sans aurores, el vice versa. — Mais, toutes ces exceptions sont relatives aux aurores locales des régions arctiques : elles n’affectent pas les grandes aurores européennes. Pour les aurores étendues qui forment la catégorie la plus intéressante, les lois conservent leur vigueur.

On a essayé d’expliquer ces aberrations par diverses hypothèses. Le plus simple est de reconnaître que les forces magnétiques du globe jouent le rôle principal dans la production et l’orientation des aurores polaires à grande envergure ; mais que, dans le cas des aurores locales, leur action peut être troublée par des causes accessoires qui tiennent au lieu et au moment.


Des orages électriques telluriques accompagnent les orages magnétiques. Il y a, à la vérité, en tout temps, des courans électriques identiques aux courans de pile, qui circulent dans le sous-sol de notre planète. Pour manifester ces courans, il suffit d’un fil isolé qui réunisse deux points de la terre suffisamment éloignés. C’est ce que font précisément les fils du télégraphe. Aussi nous révèlent-ils les courans telluriques. En temps ordinaire, les courans sont faibles. Il arrive qu’ils s’amplifient tout à coup : c’est un orage tellurique. Celui-ci trouble le fonctionnement du télégraphe comme l’orage magnétique trouble les boussoles et les compas de navire. Des courans circulent alors dans la ligne, s’opposent à ceux que l’on veut y lancer ou les renforcent, mettent en mouvement les sonneries, font éclater des décharges et, en définitive, paralysent le fonctionnement du télégraphe[1].

L’orage électrique coïncide toujours avec l’orage magnétique, et très souvent il le précède. Les deux phénomènes sont la conséquence

  1. Le premier orage tellurique qui ait été observé l’a été par Matteuccî lors de l’aurore boréale du 27 octobre 1848. Un autre, qui a laissé un souvenir dans les annales télégraphiques du monde entier, — Europe, Amérique, Australie, — est celui qui coïncida avec la grande aurore du 1er au 2 septembre 1859. Il y en eut d’autres, en rapport avec les aurores du 13 mai 1869, du 2 avril 1870, du 24 octobre 1870, du 4 février 1872 (ce fut l’un des plus violens), enfin du 19 novembre 1882. Celui du 31 octobre 1903 mérite une place d’honneur dans la série.