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directe. Toute la météorologie est plus ou moins tributaire du soleil et de ses taches : mais elle ne l’est pas directement. Il n’y a pas de phénomène de physique terrestre que l’on n’ait essayé de rai tacher à leur présence et à leurs changemens : mais, sauf pour le magnétisme terrestre et les aurores, les tentatives de ce genre sont restées illusoires.

La découverte de taches sur le soleil date de 1610 ; elle est contemporaine de l’invention des lunettes. Elle heurtait trop de préjugés pour n’avoir point soulevé, au début, un grand étonnement et des protestations : mais la contestation n’était point possible. On voyait les taches. On ne tarda pas à s’apercevoir qu’elles étaient sujettes à des variations : elles disparaissaient, elles reparaissaient. La périodicité de leurs retours fut soupçonnée, dès le premier moment, par Fabricius, mais elle ne fut mise hors de doute que deux siècles plus tard, par l’astronome physicien Schwab (1826) et par ses successeurs Carrington, Warren de la Rue, Secchi, Spœrer, R. Wolf (de Zurich). Ce dernier assigna à la période une durée de onze ans et deux mois.

Parmi les premiers phénomènes qui furent rattachés aux variations périodiques des taches, il faut signaler les variations du magnétisme terrestre, ou, plutôt, de la déclinaison magnétique. Cette relation fut mise en évidence par Sabine, R. Wolf et Gauthier en 1852. — D’autre part, les relations du magnétisme terrestre avec les aurores polaires sont très étroites, et l’on a vu qu’elles se manifestaient, entre autres faits, par l’orientation des arcs et des rayons auroraux et par la coïncidence chronologique des deux espèces de phénomènes. Il est donc possible et vraisemblable que l’influence incontestable des taches solaires sur l’apparition des aurores s’exerce par l’intermédiaire des forces magnétiques ou électro-magnétiques.

De quelque manière qu’elle s’exerce, sa réalité n’est pas contestable. A une condition pourtant : c’est que l’on ne fasse entrer en ligne de compte que les aurores qui forment notre première catégorie et qui se caractérisent par leur éloignement relatif des régions polaires, par leur large envergure, leur grande hauteur au-dessus de l’horizon et l’importance des perturbations magnétiques qui les accompagnent. — Au contraire, les aurores circumpolaires, qui sont en même temps localisées, basses sur l’horizon et faiblement magnétiques, introduisent des écarts qui faussent la loi de coïncidence. Au Groenland, par