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de trois ou quatre bassins d’eau bouillante, incessamment renouvelée ; au sortir du dernier bain, la porcelaine est parfaitement nette, sa propre chaleur la sèche et rend à l’émail son brillant, sans qu’aucune main ait à l’essuyer.

Dans un bâtiment de 16 étages, l’ascenseur devient un objet de première nécessité ; sans lui, l’existence des hôtes et le service du personnel seraient presque impraticables ; avec lui — avec eux, devrais-je dire, car ils sont au nombre de 35 — la distance est détruite ; les locataires, superposés en apparence, se trouvent pratiquement sur le même plan. Ceux qui habitent le plus haut sont plus favorisés sous le rapport de l’air et de la lumière, mais ils mettent beaucoup moins de temps à monter ou à descendre que s’ils logeaient au troisième ou même au second dans un de nos grands hôtels parisiens.

Une partie des 35 elevators du Waldorf servent de monte-charges ou de passe-plats ; quelques-uns sont utilisés dans les caves, pour les marchandises, et mus par la force hydraulique. Mais il en reste assez d’électriques, répartis par groupes de trois sur les différens points de l’hôtel, pour que chaque voyageur trouve, à quelques pas de sa chambre, une boîte aérienne à ses ordres. S’il est pressé, — et il l’est toujours, — il pousse les boutons d’appel de deux ascenseurs à la fois et donne la préférence au premier arrivé. Un boy surgit et ouvre la porte ; à peine êtes-vous entré qu’elle se referme, le sol manque sous vos pieds, vous voilà au rez-de-chaussée.

Si le câble venait à se rompre, si la vitesse normale de deux mètres et demi par seconde, — 150 mètres par minute, — était dépassée, un frein se décrocherait et se braquerait contre les rails ; mais ces ascenseurs sont méticuleusement entretenus et inspectés et l’on n’y a jamais d’accroc à signaler. Nous sommes si accoutumés, en France, à la marche ridiculement somnolente des nôtres, que la rapidité américaine nous est pénible. Tel de nos meilleurs hôtels, qui avait récemment installé un ascenseur de même allure que ceux des Etats-Unis, a dû, sur la demande de ses cliens, ralentir de moitié le mouvement.

Nous sommes donc, sur ce chapitre, volontairement arriérés ; sur celui de l’éclairage et du chauffage, notre infériorité tient au prix élevé de notre charbon, et à la situation précaire des compagnies chargées par la ville de ces services publics. A New-York, les particuliers paient le gaz 12 centimes le mètre cube, —