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Majesté, voulant que les peintres fassent des copies de tous les beaux tableaux qui seront à Rome, les sculpteurs des statues d’après l’Antique, les architectes les plans et élévations de tous les beaux palais et édifices, tant de Rome que des environs, le tout suivant les ordres du Recteur de ladite Académie. »

Pendant toute la direction d’Errard, les règles, établies par Colbert, furent exactement observées. Le surintendant, d’ailleurs, n’eût pas souffert qu’on s’en écartât. Très vite, l’activité des pensionnaires de l’Académie devint aussi laborieuse que féconde. Dès le mois d’avril 1667, Errard envoyait en France des travaux exécutés par ses élèves, dont Colbert ne cessait de l’inviter à stimuler le zèle.

De toutes parts, alors, s’élevaient des palais, des monumens. On finissait le Louvre ; on créait Versailles ; on construisait quantité de châteaux, tout aussitôt décorés et meublés avec magnificence. A défaut de statues et de tableaux originaux que les agens du Roi recherchaient activement à Rome, à Venise, à Milan, à Naples, dans toute l’Italie, on commandait des copies des plus célèbres ouvrages de peinture et de sculpture que renfermait la Ville Éternelle. Louis XIV n’aimait pas attendre. Aussi combien d’efforts pour lui donner une satisfaction immédiate !

Sans cesse des navires arrivaient à Civita-Vecchia pour transporter à Marseille ou au Havre ces tableaux, ces statues, ces copies des principaux chefs-d’œuvre du Vatican ou des villas romaines, destinées à orner les résidences royales ou à servir de modèles pour les admirables tapisseries qui sont restées, — une exposition récente a mis en pleine lumière la vérité de cette assertion, — au premier rang des richesses artistiques de la France. « Envoyez-les sitôt qu’ils seront achevez... Faites exécuter promptement... Préparez le plus d’ouvrages que vous pourrez... » Ces phrases reviennent, à tout instant, sous la plume de Colbert, dur aux autres comme à lui-même, dans son incessant souci de plaire au maître, pour qui rien ne valait autant que d’avoir été obéi avant même qu’il n’eût commandé.

Colbert, d’ailleurs, pourvoit largement aux besoins de l’Académie, mais il tient toujours à ce que la dépense soit raisonnable et les prix bien faits. A ses yeux, aucun détail n’est insignifiant. « Il sera nécessaire, écrit-il à Errai d, que vous preniez le soin vous-mesme de faire emballer et encaisser tout ce que vous enverrez. » Il ne souffre aucun retard dans l’exécution de ses