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LA MATIÈRE PONDÉRABLE
ET SA
STRUCTURE INTIME

Si tout ce qui affecte nos sens est de la matière, deux sortes de matière forment l’Univers : l’éther et la matière proprement dite, la première insaisissable, impondérable, qui remplit toute l’étendue et, par conséquent, est énorme dans sa masse ; la seconde, saisissable, pondérable, mais qui ne remplit dans l’immensité qu’un espace très restreint, bien qu’elle forme l’universalité des mondes.

C’est de la matière pondérable et saisissable, de sa structure intime, telle qu’on la conçoit au début du XXe siècle, que nous nous occuperons dans cette étude,


I

Quand il s’agit de science pure, c’est uniquement chez les Grecs que l’on doit s’attendre à trouver des idées générales et bien fondées, car, des peuples qui les avaient précédés en civilisation, ils n’avaient recueilli qu’un ensemble de faits et de connaissances purement pratiques. Certes, il n’est pas douteux qu’on fait la science avec des faits comme une maison avec des pierres ; mais « une accumulation de faits n’est pas plus une science qu’un tas de pierres n’est une maison. » C’est dire que, sans la collaboration du génie hellène, les recettes d’arithmétique des marchands phéniciens et les procédés géométriques des Egyptiens, arpenteurs et tailleurs de pierres, n’auraient pas plus constitué