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candidates au poste de » dame déléguée » de l’Assistance publique.

Et tout ce monde, soixante personnes peut-être, défile en criant son numéro au surveillant de service. Sans lever la tête, l’homme effeuille le paquet de cartes qu’il maintient d’une main et sort à mesure le numéro de chacune. Quelquefois, il s’arrête un instant, agacé par le cri simultané de plusieurs chiffres et, avec un juron, décoche une phrase brève : « Ne vous bousculez donc pas tant, tout le monde aura la sienne. »

Une à une, rapidement, les élèves sortent du bureau, traversent la cour, heurtant leurs pieds aux pavés, et pénètrent dans la chapelle. Quelques hommes sont venus grossir le groupe et, sous le gaz de la nef, je m’aperçois qu’ils sont assez nombreux, déjà, assis en rang du côté gauche. Nous glissons nos cartes, à l’entrée, dans une tirelire de fer-blanc, gardée par un employé chargé du contrôle. Et je m’oriente.

En face, une estrade en planches, un tableau noir appuyé sur le fond blanc d’un rideau. Tout le côté droit de la nef, garni de chaises serrées, est réservé aux « élèves libres. » Du côté gauche, en avant des élèves infirmiers, leurs compagnes en bonnet blanc. Singulier petit chiffon que ce bonnet, fait de bandes empesées dont les bouts s’allongent, striant le dos d’une double raie.

Tout le monde est assis. Huit heures sonnent. Au milieu des conversations bruyantes, des applaudissemens éclatent : le professeur fait son entrée. Tandis qu’il monte sur l’estrade, un surveillant en blouse malpropre essaie vainement de faire faire silence. La leçon commence cependant, leçon supplémentaire, explique le professeur, mais leçon importante, puisqu’elle va traiter des devoirs de l’infirmier et de l’infirmière. Pendant une heure, on nous entretient de ces devoirs.

Ils se décomposent en diverses rubriques, nettement délimitées par le Manuel : 1° Devoirs moraux. Envers soi-même : bonne tenue des salles, toilette réglementaire de l’infirmière, persévérance dans le service. Envers les collègues : appui mutuel. Envers les chefs : docilité et réserve. Envers les malades : bonté, courage, dévouement. Envers leurs familles : politesse et douceur. Envers les visiteurs, membres du conseil de surveillance ou de la police, les devoirs de l’infirmière consistent à avertir aussitôt la surveillante.

Après quelques mois sur les « devoirs intellectuels » de