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dont il eût pu se passer plus que lui. Les choses vont loin dans cet ordre d’idées et aucun habitué de la vie d’hôpital ne les mettra en doute.


20 avril. — Depuis les congés de Pâques, l’horaire de nos cours est modifié, pour la plus grande convenance de tous, me dit-on. « Petite Chirurgie » et « petite Médecine » sont professées désormais à six heures trois quarts du soir. Cela dure une heure, puis on se rend pour huit heures aux cours de la chapelle, comme par le passé. D’où il suit que cela peut être fort commode pour les surveillantes qui professent, puisqu’elles quittent l’hôpital à sept heures trois quarts ; peut-être aussi pour les infirmières, que j’y vois, en effet, en plus grand nombre. Mais, chez les élèves habitant au dehors, l’organisation nouvelle provoque d’assez sérieuses objections. Sans compter qu’il faut renoncer à dîner, détail, à la rigueur, négligeable, on conviendra qu’il est difficile, pour une personne occupée, de se dégager de tout ce qui l’entoure, trois fois par semaine, de six heures à neuf.

Pourtant le nombre des candidates augmente chaque jour. Il a doublé depuis un mois. Il en est qui s’inscrivent encore actuellement pour l’obtention du diplôme. Et plus de la moitié des cours sont terminés. Cela seul montrerait les lacunes d’un enseignement dont on peut recevoir aussi superficiellement le brevet. Cependant, pour ce qui est du moins des cours dénommés, à tort ou à raison, pratiques, il peut n’y avoir pas lacune, car les deux titulaires ont recommencé leur programme, une fois déjà parcouru avant Pâques. Désormais nous connaissons d’avance le sujet des leçons, les ayant suivies déjà. Et cela ne serait pas une mesure défectueuse, car ces choses gagnent à être répétées, si la plupart des élèves n’en devaient profiter pour n’assister aux cours qu’à partir du mois d’avril.


Mai. — Le professeur de massage a commencé ses leçons. Un Suédois, à l’accent emphatique, peu clair d’ailleurs et de style décousu. Son début faisait augurer de la suite. Le premier cours, après quelques minutes d’allées et venues sur les planches de l’estrade, s’est ouvert par ce mot, prononcé avec conviction : « Alors... » puis, un silence. On juge de l’effet d’hilarité. Sur quoi le professeur, après quelques mots embarrassés, s’est écrié avec indignation : « Pourquoi rire comme ça ? C’est pas beau (sic) ! »