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se trouve libre par suite du mouvement en avant de la fraction qui précède.

Toutefois, en arrière, à 800 ou 900 mètres de ces lignes de tirailleurs et dans la partie couverte du terrain, se trouvent les réserves. Les compagnies sont généralement en colonne de peloton. Il n’y a pas de bataillon groupé. Tout le monde est couché.

Ainsi, sous l’influence de la guerre sud-africaine, l’infanterie allemande est, depuis trois ans, amenée à se conformer strictement aux principes de notre règlement de 1873, que nous avons si malheureusement abandonnés.

L’artillerie masque le plus possible ses mises en batterie. Elle entre en action dès le début des attaques. L’infanterie progresse sans attendre. Les batteries se déplacent peu et ne suivent pas pied à pied les attaques de l’infanterie. Mais, lorsqu’une crête est sur le point d’être conquise, elles s’y portent rapidement, de manière à y arriver en même temps que l’infanterie.

Les mitrailleuses Maxim sont traînées sur des avant-trains attelés à quatre chevaux et sont servies par des hommes des bataillons de chasseurs. Les voitures qui les transportent sont arrêtées en arrière de la crête à l’abri des vues. Les servans enlèvent la mitrailleuse, qu’ils portent à deux par des brancards, comme une civière. La machine est mise à terre. Elle n’a qu’un faible relief, 40 ou 50 centimètres. Tout le personnel est à genou. L’ensemble est très peu visible. Les officiers donnent la distance de tir, quelquefois 2000 mètres. Les six pièces d’une batterie produisent à certain moment un feu très intense. On fait tirer soit une pièce, soit les six à la fois.

L’emploi des mitrailleuses tend de plus ou plus à se généraliser.

La cavalerie attachée aux divisions fait non seulement un service de sûreté rapprochée, mais encore de l’exploration. Un régiment de cavalerie est en effet affecté à chaque division, et cette disposition paraît dès maintenant indispensable, si l’on considère la nécessité de marcher sur de grands fronts. Les divisions allemandes, dans leurs marches à l’ennemi, sont souvent séparées par des intervalles de 15 kilomètres. Mais le front se resserre à mesure qu’on approche du combat, jusqu’à n’être plus que de 4 ou 5 kilomètres au moment du premier contact. Le reste de la cavalerie opère presque toujours en masse, et