Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 19.djvu/883

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’une ligne de tirailleurs bien conduits s’avançant adroitement et résolument.

« Le fait, observé dans l’Afrique du Sud, que les troupes de soutien, destinées à renforcer le front d’une ligue de feu, ne pouvaient que rarement l’atteindre en terrain découvert, montre qu’il est nécessaire d’abandonner le système ordinaire de renforcement. Lorsque le terrain offre des couverts, les soutiens peuvent être abrités jusqu’à ce qu’on en ait besoin. Dans tous les autres cas, il vaut mieux qu’ils soient placés sur la ligne de feu.

« Dans leurs longs combats de mousqueterie, les Boers ont souvent retiré en arrière de la ligne une partie de leurs hommes, pour calmer leurs nerfs et permettre à leur sang et à leurs fusils de se refroidir. Il semble qu’il sera avantageux de les imiter.

« Précédemment, nous avons cherché à placer sur le front de combat autant de fusils que possible, de manière à former des lignes de feu denses. Ceci pourra se trouver encore justifié dans les momens décisifs. Mais, jusqu’à ce moment, nous ferons bien d’être modérés. L’expérience de l’Afrique montre qu’en renforçant à l’extrême la ligne de feu, il arrive un moment où les pertes sont si fortes, la position de chaque tireur si incommode, que l’accroissement du nombre de fusils en ligne ne correspond plus à une augmentation de puissance. Il serait préférable de veiller à un ample approvisionnement de munitions sur la ligne de feu, ce en quoi les Turcs à Plewna n’ont jamais été dépassés. Le fusil à tir rapide procure une augmentation de l’intensité du feu, sans le sacrifice nécessaire d’un plus grand nombre d’hommes.

« Ce sont évidemment des questions de détail, dont la solution peut être donnée par chacun. Mais le point important pour nous est ce fait, que, quand une grande quantité de troupes a été réunie vis-à-vis d’un point, il n’y a encore que peu de chose de fait, tandis que le point essentiel est la méthode de tenir en main les forces dans la bataille non moins que la manière dont le tirailleur a été dressé à se conduire lui-même.

« Ceci concerne à un haut degré l’instruction future de nos soldats.

« Il en est de même en ce qui concerne l’artillerie. La disproportion de l’artillerie engagée de chaque côté a été souvent plus