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qui se disputaient la future Université : soit un vieux droit à respecter, soit un principe nouveau à établir. Elle se donna pour tâche d’en tirer un ensemble harmonieux, de faire vivre et travailler ensemble ces élémens antipathiques et réfractaires en leur assignant à chacun leur place légitime.

Tout d’abord, les commissaires admettaient comme justes les raisons présentées en faveur du contrôle actif des professeurs sur l’obtention des diplômes ; ils reconnaissaient, sans difficulté, que le programme des examens doit être subordonné au programme des cours, et non le programme des cours au programme des examens. L’Université devait être locale, soit. Mais pourquoi ne conserverait-elle pas aussi le caractère « impérial » qu’elle avait eu pendant tant d’années et qui la différenciait des autres Universités ? Pourquoi fermer l’accès de ses examens à ces étudians lointains qui envoyaient leurs compositions à corriger du fond de leur province, ou, même, du Nouveau Monde et de l’autre hémisphère ? Si l’on veut juger sainement les choses anglaises, il faut se défaire de ce petit agacement nerveux que nous cause ce mot d’Impérialisme. On peut être un impérialiste sans être un Jingo, et nous serions, j’en ai peur, des impérialistes convaincus, si nous étions nés de l’autre côté de la Manche. Peut-être même sommes-nous, en matière de haute pédagogie, des impérialistes sans le savoir. N’ouvrons-nous pas toutes grandes à tous venans les portes de nos Universités, en admettant à l’équivalence des diplômes étrangers dont la valeur est parfois équivoque ? N’ai-je pas entendu dire à l’un des maîtres les plus populaires de l’Université parisienne : « Nous reconstituerons les « nations » de la vieille Université. » Pourquoi nous étonnerions-nous si l’Université de Londres qui, en tant que simple jury d’examens, s’est fait une clientèle mondiale, prétend la garder dans l’avenir et refuse de se laisser enclore dans le district postal de la ville et de ses faubourgs ?

La commission de 1892 proposa de rendre l’Université locale tout en la laissant impériale. Il y aurait deux espèces d’étudians : les étudians internes et les étudians externes. Bien entendu, ces deux mots ne doivent pas être pris dans le sens littéral où nous les entendons en France. L’étudiant interne serait celui qui suivrait les cours d’un des collèges affiliés, sous un des professeurs reconnus par l’Université (recognised teachers), qui se soumettrait, en toutes choses, à la discipline de ces collèges et à l’autorité