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REVUES ÉTRANGÈRES

LE ROMAN D’UNE REINE


A Queen of Tears. Caroline-Matilda, Queen of Denmark and Norway, par W. H. Wilkins, 2 vol. in-8o, illustrés. Londres, Longmans and C°, 1904.[1].


Lorsque, dans les derniers mois de l’année 1764, la princesse Caroline-Mathilde, sœur du roi Georges III d’Angleterre, apprit que son frère venait de la fiancer au prince héritier de Danemark, elle fondit en larmes, accablée d’un chagrin si profond que, longtemps, on crut que ni les caresses ni les remontrances n’auraient le pouvoir de la consoler. La princesse Amélie lui ayant dit qu’elle trouverait bientôt l’occasion de réaliser un de ses rêves les plus chers, qui était de voyager : « Je devine à quoi vous faites allusion, ma tante, répondit-elle ; mais Je donnerais tout au monde pour pouvoir rester où je suis, au lieu de devoir aller vivre si loin, auprès d’un prince que je n’ai

  1. Dans ce beau livre, dont je ne saurais trop louer la scrupuleuse érudition, l’impartialité historique, et l’excellente tenue littéraire, M. Wilkins a raconté la vie et les aventures de la protectrice du fameux Struensée. C’était lui déjà qui, naguère, d’après des lettres conservées à la Bibliothèque d’Upsal, avait fait revivre devant nous les amours tragiques de la princesse Sophie-Dorothée avec Koenigsmarck. (Voyez la Revue du 15 juin 1900). Mais sa biographie de la reine Mathilde est plus intéressante encore, d’une humanité plus touchante, d’un art à la fois plus discret et plus sûr ; elle s’appuie, entre autres documens inédits, sur la correspondance diplomatique des agens anglais à la cour de Danemark. J’ai essayé d’en extraire, sommairement, les portraits des trois acteurs principaux du drame mémorable de 1772.