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REVUE MUSICALE

IMPRESSIONS GRÉGORIENNES DANS ROME

Avril a vu refleurir dans Rome une illustre mémoire. Saint Grégoire a reçu dans sa patrie des honneurs extraordinaires qui ne sont au-dessus ni de sa sainteté, ni de son génie. Le Souverain Pontife avait convié les savans, les artistes, à venir glorifier un de ses plus admirables prédécesseurs. Les politiques eux-mêmes, — si les politiques du jour prenaient de semblables soucis, — auraient pu se joindre à nous et saluer en saint Grégoire un incomparable conducteur des hommes et des nations. Pie X a voulu plus encore, et que son hommage personnel résumât, surpassât tous les autres. Une messe pontificale grégorienne, dans Saint-Pierre, a couronné les travaux du Congrès. Ce furent de nobles fêtes : fêtes de science, d’art et de foi ; fêtes latines aussi et vraiment romaines. Saint Grégoire, — et son nom, qui signifie vigilant, est synonyme de son titre, — ne fut-il pas, en quelque sorte, le dernier des consuls, et le plus grand, puisqu’il mérita d’être appelé le consul de Dieu ?

Durant des jours trop vite écoulés, nous n’avons entendu parler que de lui ; nous n’avons entendu chanter que selon lui. Il a fait le sujet de toutes les lectures et de tous les discours, de toutes les causeries et de tous les débats, de toutes les pensées, de tous les souvenirs voire de tous les rêves. On n’a pas même effleuré la question, — traitée naguère par M. Gevaert et décidée par lui seul contre la tradition, — de savoir si la révision et la coordination des mélodies liturgiques sont l’œuvre de Grégoire le Grand ou de ses successeurs. Les bénédictins n’ont donc pas eu besoin de produire une fois de plus,