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figurent dans la Correspondance imprimée[1]. Elles sont adressées toutes les deux : « à la Citoyenne félicité Didot, chés le Citoyen didot le jeune imprimeur, quay des Augustins, à Paris ; » la première est ainsi datée : « ce 2 de ton mois — au lever de l’aurore » (c’était le mois d’Avril) et porte en marge le mot bon, écrit sans doute par Martin ; la seconde, datée du samedi 4 avril 1793, l’an 2 de la république, débute en ces termes : « voici, ma tendre amie, la troisième lettre que je vous adresse depuis mon arrivée à Chantilly. » Il nous manque donc une lettre envoyée entre le 2 (jour de l’arrivée de Bernardin) et le 4 avril ; ce qui ferait supposer que Félicité recevait une missive chaque jour. La lettre du 4 se termine par ce passage, supprimé à l’impression : « mais n’insistons pas ; je suis toujours disposé à croire que l’objet que j’aime a plus de raison que moi et vous men avés tant montré dans des momens où je nen avois plus que jétois fâché de vous en voir un peu trop... » Les autres lettres écrites de Chantilly par Bernardin n’ont pas été publiées.


Lettre n° 17. — De Félicité Didot[2], — de Paris, le 7 avril 1793 ; — elle est adressée au citoyen St-Pierre à Essonnes ; Félicité devait pourtant savoir qu’il était à Chantilly, aussi Bernardin se plaint-il de ne pas recevoir de réponse ; — inédite.


Au Citoyen

St-Pierre

A Essonnes.


Ce 7 avril 1793.

« Vous restez bien long-tems à la Campagne, mon Ami je ne sais si vous avez reçu une lettre ou je vous marquoit Combien votre Absence me rendoit chagrinne, et dont je mettois flatée d’un mot de réponse pour me dédomager, mais je ne le voies que trop le bonheur d’être à la Campagne vous fait oublier vos amis. O ! vous qui souvent sans un sujet fondé me taxée D’indiférence, pouvez vous me donner une si forte raison d’être assurée de la votre, car je mets en faite que vous n’ayez pas reçu ma lettre, si vous m’aimiez autant que vous le dit, vous m’eussiez sans doutte forcée à rompre un silence qui aurroit eu lieu de vous étonner, ce n’est sûrement pas le tems qui vous a empêchés de le faire et quand même un véritable Amour sait vaincre de

  1. Elles y portent les n° 5 et 6, ainsi que dans la collection Gélis-Didot.
  2. Cette lettre a le n° 35 dans la collection Gélis-Didot.