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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




30 mai.


Les choses se sont mieux passées que l’on n’était en droit de l’espérer ou de le craindre ; et, tout considéré, ce n’est peut-être pas aux intérêts de la Papauté qu’aura nui surtout la protestation pontificale. Souhaitons seulement que ce ne soit pas non plus aux nôtres ! Ce que nous pensions de la protestation elle-même, nous l’avons dit il y a quinze jours, et nous avons à peine besoin d’y revenir aujourd’hui. Nous n’en connaissions pas alors les termes, est tout ce que nous en savions, c’était, comme tout le monde, qu’après Pie IX et après Léon XIII, le pape Pie X revendiquait le droit de la Papauté sur son ancien domaine temporel. La protestation était attendue ; et personne ne doutait qu’elle éclatât un jour ou l’autre. Nous pensions seulement que le Souverain Pontife en eût pu choisir une autre occasion, et ainsi, ne pas donner lui-même au voyage à Rome du Président de la République française une signification qu’il n’avait pas. En rendant au roi d’Italie la visite qu’il en avait reçue à Paris, le Président de la République française n’avait évidemment nulle intention d’offenser le Saint-Père ; il n’eût même pas mieux demandé que de se présenter au Vatican ; et, après tout, nous ne savons si cette « combinaison » n’eût pas été la plus sage des deux parts. Car, à moins que la présence à Rome d’un ambassadeur de la République auprès du Quirinal ne soit une offense permanente à la Papauté, le voyage du Président ne changeait rien à un état de choses qui existe depuis trente-quatre ans ; et, d’un autre côté, l’opinion publique aura de jour en jour plus de