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affiliation, une agitation sourde, quelquefois même bruyante. Leur but, peu à peu, se dégageait et se précisait : elles travaillaient à organiser en droit positif, en pouvoir légal, en droit et en pouvoir de suffrage, cet « immense pouvoir moral » qui ne devait plus être « dédaigné ou méconnu. »

La réforme faite, le Reform act promulgué, les classes moyennes, considérant qu’elles avaient cause gagnée, abandonnèrent les « Unions, » mais les masses populaires laissées en dehors de la franchise, privées encore du droit de vote, estimèrent bon pour elles-mêmes le moyen qui avait réussi à d’autres et remplacèrent les anciennes Unions par des associations analogues. Du sol britannique, et surtout de Birmingham, qui en fut toujours comme la terre sacrée, surgirent en foule, jusqu’à ce que, par la nouvelle Réforme de 1867, une nouvelle partie fût gagnée encore, des Household Suffrage Societies, des Complete Suffrage Societies, des Reform Associations, etc. Le mouvement « chartiste, » doublant d’un mouvement social le mouvement politique, doubla aussi et multiplia par-là même les associations, principalement composées de « bourgeois, » y ajouta d’abord la Workingmen’s Association, puis, vers 1840, la National Charter Association, de Manchester, à laquelle se rattachaient plus de quatre cents groupemens. D’autre part, et en face de ces associations qui se disaient réformistes, dans l’ordre politique ou dans l’ordre social, et que quelques-uns se retenaient à peine de dire révolutionnaires, se dressaient d’avance ou se dressèrent par la suite des associations conservatrices, on serait tenté de dire conformistes, puisque lord George Gordon avait formé, dès 1778, en désapprobation d’un bill du Parlement qui accordait quelque tolérance aux catholiques, une fédération des associations protestantes : à quoi correspondaient, en Irlande, les Loges orangistes, et à quoi vint répondre plus tard (1823), en Irlande même, l’Association catholique, pour la revendication énergique des droits de la nation et de la religion. Associations « conservatrices » aussi, et telle ou telle par des procédés étranges, comme la Société pour la protection de la liberté et de la propriété contre les républicains et les niveleurs, qui, empruntant au Jacobinisme, vers 1793, ses armes favorites, l’espionnage et la délation, prenait sur elle d’ « aider le gouvernement à découvrir et à punir les écrits et les propos séditieux ; » mais le type en demeure l’Association constitutionnelle, ou plutôt