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FINANCES DE LA GUERRE
RUSSIE ET JAPON

« L’argent est le nerf de la guerre » est un de ces vieux dictons que les hommes répètent sans en mesurer la portée. Il serait absurde de le prendre dans un sens absolu : car bien d’autres facteurs, le courage, la discipline, le patriotisme sont des nerfs de la guerre, et plus essentiels que l’argent. Il n’en est pas moins certain que le facteur économique joue un rôle considérable dans les luttes qui s’engagent à main armée entre les nations. C’est lui que nous allons examiner chez les Russes et les Japonais : nous commencerons par exposer l’état budgétaire de chacun des deux pays au début de la présente année, à la veille du conflit qui devait éclater par l’audacieuse attaque de la flotte russe que les Japonais, sans déclaration de guerre, torpillèrent à Port-Arthur le 6 février ; nous comparerons leurs dépenses militaires et leur dette publique ; nous étudierons les mesures prises par l’un et l’autre des belligérans pour se procurer les ressources extraordinaires dont ils ont besoin, l’influence déjà sensible exercée, par ces emprunts et par les événemens de la campagne qui se poursuit, sur la cote de leur crédit, c’est-à-dire le cours de leurs fonds publics ; nous rechercherons si la confiance dans le maintien du système monétaire des deux pays, également fondé sur l’étalon d’or, a été ou non ébranlée ; nous trouverons à cet égard des indications précieuses dans le mouvement des changes sur Pétersbourg et Tokio. Nous verrons, en