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Plusieurs mois avant la guerre, le 4 pour 100 japonais se tenait à 85 environ ; en janvier 1904, il ne valait déjà plus que 76 ; il était tombé en avril à 62, il est aujourd’hui revenu à 77, sous l’influence en particulier du bon accueil fait à l’emprunt 6 pour 100 sur le marché de Londres, où il a été couvert plus de trente fois. Les deux 5 pour 100 qui se négocient sur la même place ont subi des fluctuations analogues. Le tableau suivant indique la marche de la cote des fonds des deux adversaires depuis le début de l’année.


4 p. 100 Russe consolidé à Paris 4 p. 100 Japonais à Londres
Moyenne de janvier 1904 99 76
— février — 94 70
— mars — 93 64
— avril — 93 64 1/2
— 14 mai — 88 70
— 15 juin — 90 77

Le fonds russe a baissé d’un dixième environ, tandis que le 4 pour 100 japonais, après une chute profonde, est revenu à son prix de janvier : mais il rapporte, au cours du 15 juin, 5,20, tandis que le 4 pour 100 russe est capitalisé à 4,44 pour 100.

Par une coïncidence intéressante, les deux pays en lutte ont eu recours, pour se procurer des fonds sur les marchés étrangers, à un procédé semblable : l’émission de bons du Trésor à terme relativement court et à gros revenu. Des circonstances identiques ont amené une décision analogue chez les deux ministres des Finances. Cette politique s’explique par le désir de ne s’engager à payer un intérêt élevé que pendant une période limitée : mais il est à supposer que, si la lutte se prolonge et que par conséquent les dépenses s’accroissent, les taux des emprunts futurs, qui serviront à consolider ces bons à cinq ou sept années d’échéance, ne s’écarteront pas beaucoup de ceux qu’il a fallu consentir aujourd’hui.

Des deux côtés, les événemens n’ont pas eu une influence considérable sur le change : pendant que le rouble maintenait son cours avec la fermeté que nous avons indiquée, le yen, tout en ne restant pas aussi stable, ne subissait en définitive que des oscillations modérées ; la cote du change sur Londres à Yokohama, de décembre 1903 à mai 1904, n’a pas varié de plus d’un