saison d’aimer, je passe tout en colère et me dédommage, par là.
« A propos, savez-vous. que Mme C…, insultée par Karr dans ses Guêpes, est allée chez lui et lui a donné un coup de couteau qui a glissé, bien que, dit-elle, elle ail frappé ferme. Karr était tremblant et l’a priée que cela restât entre eux. On commence pourtant à en parler, mais la justice, je crois, s’abstiendra ; honneur à Mme C… et aux Charlotte Corday :
- O vertu, le poignard !
« Elle a fait ce coup étant enceinte de huit mois et demi, qu’en dites-vous ?
« Le dialogue des enfans est adorable : envoyez-m’en comme cela encore. Je raconte cela aux momens où je ne suis pas en colère, ce qui arrive bien encore quelquefois.
« Mme de Tascher part bientôt pour Pouvray et veut m’emmener ; je résiste, sans dire non, c’est une manière plus sûre de résister. Mais voilà que je dis leur secret aux femmes.
« Je suis bien participant de cœur aux succès de M. Ruchet ; qu’il devienne donc aussi conseiller d’Etat ; il faut se mettre en selle quand le moment est venu, et ne plus poser pied à terre que quand on vous y jette.
« Le pauvre M. Daunou en est bien près : il se meurt vraiment d’un mal de vessie ; ce sera une grande perte et encore prématurée malgré ses soixante-dix-neuf ans.
« Je lirai M. Diodati[1]dès que j’atteindrai cette Bibliothèque : dites-lui, en attendant, toute ma reconnaissance.
« Adieu, chère Madame et amie, je crains que ma gaieté ne vous ennuie, car vous verrez bien qu’elle est factice et qu’il n’y a de bonheur que plus près de vous. »
Vendredi, 10 juillet 1840.
« Vous me grondez, chère Madame et amie, et c’est bien mal, car, grondé que je suis par moi-même, si vous y ajoutez votre blâme, je n’ai plus de recours et suis en complète despondence. Pour finir les affaires, la Chambre de Paris a hier voté la loi slave ; il n’y a plus maintenant que la signature de Louis-Philippe à obtenir pour Mickiewicz. Dans tout ceci, je ne crois pas
- ↑ M. Diodati avait fait dans la Bibliothèque universelle de Genève un grand article sur Port-Royal.