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dans chaque couche du sol, à côté de traits originels persistans, une foule de détails acquis qui peuvent être de tous les âges, et c’est ainsi que, petit à petit, se fait accepter la considération d’une vraie physiologie tellurique.

Celle-ci, d’ailleurs, prendra toute sa valeur si nous arrivons à la rattacher aux centres d’activité où les phénomènes vont puiser l’énergie qu’ils mettent en œuvre, et leur recherche, pleine d’intérêt, fera éclater du même coup à nos yeux une foule d’harmonies naturelles.


III

La masse terrestre a été pourvue dès son origine d’une certaine somme de force vive, qui depuis lors, et à la faveur de transformations plus ou moins compliquées, va en se dissipant vers les espaces cosmiques. C’est dans ce fait initial que se trouve le moteur des actions intimes dont nous avons déjà un aperçu. Les effets en sont ordonnés de telle façon qu’ils paraissent émaner d’un foyer placé au centre du globe, et consistent, les uns en une attraction dont le principe est la pesanteur, les autres en une action centrifuge dont la cause est la chaleur. Toutefois, un complément notable d’énergie vient contribuer à beaucoup de phénomènes superficiels, et ce complément a son origine et sa source dans l’activité du soleil.

Pour comprendre comment ces centres d’action interviennent dans l’économie terrestre, il est indispensable d’ajouter qu’ils se manifestent à l’aide d’appareils particuliers. Le globe jouit d’une anatomie très strictement réglée et les masses qui y sont associées suivant une disposition très précise, y remplissent au propre le rôle des tissus dans les organismes. De sorte que les réactions mutuelles de ces tissus juxtaposés donnent facilement lieu à des circulations régulières des élémens fluides de l’ensemble, avec production d’effets complémentaires qui se neutralisent réciproquement, et qui permettent, par des changemens indéfiniment répétés, la persistance d’un état d’équilibre mobile, offrant, lui aussi, bien des ressemblances avec l’état des choses dans le monde de la biologie. Il se trouve même que les tissus de la planète se groupent en maintes circonstances, pour composer des appareils nettement définis par un rôle physiologique spécial.