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continens émigrent sans relâche à la surface du globe L’engloutissement de l’Atlantide menace tous les pays et de toutes parts de nouvelles terres s’apprêtent à sortir des flots pour remplacer les régions submergées.

Pendant les progrès de ces modifications, les êtres vivans se déplacent peu à peu, sans conscience de la généralité du phénomène auquel ils obéissent, et les étapes de la civilisation se succèdent, comme elles le feraient au sein de la demeure la plus stable.

C’est l’occasion d’insister sur la coexistence de ces deux chronométries illimitées qui règlent, l’une les événemens humains et l’autre les phénomènes géologiques.


IV

Les considérations auxquelles nous venons d’être amenés dans le domaine de la chaleur souterraine, trouvent facilement leur exact pendant quand il s’agit du froid extérieur de la terre, et le glacier est un symétrique du volcan, au double point de vue des circulations qu’il réalise et des conditions spéciales qu’il fait subir aux régions sur lesquelles il a exercé son action.

Le glacier, c’est encore un véritable appareil physiologique. Il résulte avant tout de l’énergie solaire ; mais il tire la plupart de ses caractères des deux centres d’activité souterraine reconnus tout à l’heure, la pesanteur et la chaleur interne.

Les hautes régions de l’atmosphère sont à une température inférieure à zéro. Même en été les aéronautes y rencontrent de petits cristaux de neige, qui d’ailleurs se fondent et disparaissent en tombant dans les couches inférieures et plus chaudes de l’océan gazeux. L’activité corticale ayant poussé en bien des points des supports rocheux jusqu’à de grandes altitudes, la neige s’y est accumulée et, par les transformations connues de tout le monde, est devenue l’origine des glaciers.

Ceux-ci sont essentiellement éphémères. Par le seul fait de leur existence et de leur action sur les roches qui les supportent, ils deviennent les artisans de leur propre suppression plus ou moins rapide. Sans qu’ils aient par eux-mêmes le pouvoir d’attaquer les roches, la glace étant trop tendre, ils arrivent à couper