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Hildesheim et l’Ost Frise, pays réunis, soit à l’Empire français, soit au royaume de Westphalie, et qu’il s’agissait de reconquérir. Les Prussiens se débattaient dans l’extrême nécessité : ni argent, ni armes, ni munitions. Ils passèrent par où voulurent les Anglais ; les Anglais, par réciprocité, leur apportèrent une garantie considérable, celle du traité de Kalisch, c’est-à-dire la reconstitution de la Prusse dans des conditions au moins équivalentes à celles de 1806. La Prusse s’oblige à mettre 80 000 hommes en campagne, moyennant 666 616 livres sterling ; ce traité fut signé le 14 juin.

Le lendemain, 15 juin, à Reichenbach également, les Anglais signèrent avec la Russie. L’Angleterre paie 1 333 333 livres, plus 500 000 livres destinées à l’entretien de la flotte russe qui est mise à la disposition de l’Amirauté britannique. La Russie s’engage à procurer l’agrandissement de la maison de Hanovre. Enfin, l’article essentiel, identique dans les deux traités, qui les joint ensemble, les lie avec le traité de Kalisch et en fait le fondement de la coalition.


ARTICLE VII. — Les deux hautes parties contractantes, — la Prusse et l’Angleterre, l’Angleterre et la Russie, — agiront dans le plus parfait concert, quant aux opérations militaires, et se communiqueront franchement ce qui concerne leur politique. Elles s’engagent surtout réciproquement à ne point négocier séparément avec leurs ennemis communs, à ne signer ni paix, ni trêve, ni convention quelconque, autrement que d’un commun accord.


Or, le traité de Kalisch portait :


ARTICLE VI. — Sa Majesté le roi de Prusse et Sa Majesté l’empereur de Russie s’engagent réciproquement à ne point négocier en particulier avec l’ennemi, à ne signer ni paix, ni trêve, ni convention quelconque, autrement que d’un commun accord.


Ainsi, la Prusse ne peut négocier ni traiter sans la Russie, la Prusse et la Russie ne peuvent négocier ni traiter sans l’Angleterre ; il s’ensuit que les trois puissances sont entièrement liées pour la négociation, comme pour la paix. Ces arrangemens annulent d’avance, en tant que définitives, les propositions que Metternich pourra faire à Napoléon, aussi longtemps que l’Angleterre ne les aura point acceptées. Sans cette acceptation de l’Angleterre, celle de la Russie ne vaut, non plus que celle de