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Louis XIV qui parle ainsi dans son manifeste à la France il a renoncé à l’Espagne, les frontières sont entamées, les coalisés veulent marcher sur Paris, dicter la paix à Versailles. « Leur dessein, dit Saint-Simon, ne tendait qu’à une destruction générale de la France. »

L’histoire se continue, en ses alternatives ; Napoléon ne cédera que ce qu’il jugera perdu sans retour ; les alliés, à mesure qu’ils avanceront sur ses pas, exigeront au-delà de ce qu’ils occupent. Vainqueur sur l’Elbe, Napoléon a cédé le duché de Varsovie, les villes hanséatiques ; vaincu et en retraite sur le Rhin, il cédera la Confédération, la Hollande. Sur l’Elbe, les alliés exigent les territoires de l’Elbe au Rhin ; sur le Rhin, ils exigeront les anciennes limites. Et comme Napoléon a dicté cette parole : « Il faudrait, pour l’obtenir, que 500 000 hommes fussent campés sur les hauteurs de Montmartre ! » les alliés pousseront à Montmartre et dicteront la paix dans Paris. S’imaginer, dans cette marche, une autre interruption que celle d’une victoire des Français, c’est créer un obstacle qui n’existe nulle part, ni dans les esprits des hommes, ni dans la nature des choses ; qui n’a pas arrêté la France quand elle est sortie, en 1792, de ses anciennes limites ; qui n’arrêtera pas davantage les alliés, en 1813, lorsqu’ils se jugent maîtres de l’y faire rentrer ;


ALBERT SOREL.