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Je n’ai pas vu Lêbre depuis des siècles, c’est ma faute, mais il y a eu enchaînement d’obstacles.

Vous aurez vu dans la Revue du 1er ou vous verrez une lettre de G. Sand au Malgache ; cela doit le couronner là-bas, s’il y est encore.

Dites bien à M. Vinet qu’il ne baisse pas ; ses articles sont très beaux, je les trouve seulement trop beaux pour Soumet.

Respects, amitiés à tous, à Eysins, à Bonmont, à Villamont ; vous voyez que je n’oublie rien, tous les essaims y sont compris.

Et aux trois petits Suisses trois baisers.

A vous, chère Madame et cher Olivier.

A propos de l’article de G. Sand sur Jean-Jacques, il me revient ceci : mais comment Mme Olivier n’a-t-elle pas lu de tout temps Rousseau ? Sur les lieux, avec de telles affinités d’âmes, mais c’est impardonnable !

Ainsi je finis par une gronderie


17 juillet 1841.

Vous avez raison sur le discours académique, chère Madame, nous avons été déçus. Ç’a été simplement de la part du grand homme un pathos long et lourd. Je dis cela bien bas, et il y a si peu de goût que tous ne sont pas de cet avis. Pourtant, dans la séance même, le sens mondain, et même le sens moral de l’auditoire ont été choqués. Tout louer, tout apothéoser, Empire, Convention, avenir, temps présent (la Restauration pourtant omise, à laquelle il doit bien quelque chose), cela a paru un peu grossier : Mortel, il faut choisir ! Dieu seul, le Dieu des panthéistes, est à cette hauteur d’impassibilité. En somme, le discours de Hugo, très bon à mugir dans un Colisée, devant des Romains, des Thraces et des bêtes, était tout à fait disproportionné sous cette coupole de l’Institut et devant ce public élégant. Salvandy a eu tous les honneurs de la séance, mais le lendemain les journaux ont remis la chose en doute ; on se dispute encore ; et Hugo, là comme toujours, n’a réussi qu’à instituer autour de sa parole un combat.

Je vous envoie, comme curiosité, un échantillon de nos chansons populaires d’ici, un canard (on appelle cela ainsi) sur Napoléon et Jésus-Christ. Chose remarquable ! il y a déjà plusieurs chansons de la sorte sur ce sujet, plusieurs versions et