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LES ALLIÉS ET LA PAIX
EN 1813

III[1]
LES BASES DE FRANCFORT


I

Napoléon repoussé au-delà du Rhin, les « limites naturelles » étaient perdues. Les coalisés, à cet égard, étaient unanimes. Ce qui sauva les « limites anciennes, » c’est que, sur le partage des dépouilles que l’on ferait de l’ancienne France et le marchandage de compensations qui s’ensuivrait, ils cessèrent de s’entendre. Comme il faut un terme à toutes choses, qu’ils avaient hâte de finir la guerre, qu’ils avaient atteint leur but commun, ils s’arrêtèrent à ce terme-là, celui d’ailleurs que, de tout temps, les Anglais, et, en avril 1805 et décembre 1812, les Russes, avaient assigné à la lutte contre la France.

Alexandre, depuis Leipzig, avait décidément arrêté ses desseins : aller à Paris, y établir un gouvernement à sa discrétion, comme naguère Poniatowski en Pologne, au temps de Catherine, — autour de lui, on prononçait le nom de Bernadotte ; — se proclamer roi de Pologne, grandir en Allemagne son lieutenant, le roi de Prusse, et reconstituer le reste de l’Europe, pour la plus grande gloire et prépondérance de la Russie. Metternich

  1. Voyez la Revue des 1er et 15 juillet.