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Ce juin (s. d.) 1848.

Chère Madame,

Vous pouvez croire que ce serait une fête pour moi d’aller à vous samedi, s’il est encore des fêtes.

Oui, il existe des volumes d’Instructions chrétiennes de M. Singlin, mais refroidis comme des sermons dont le sel et l’accent s’en est allé.

La meilleure vie de Saint-Cyran se trouve dans les Mémoires de Lancelot, 2 vol.

Maintenant voici pour Olivier. Je veux l’entendre à sa première lecture[1]. J’ai à causer avec lui sur ces lectures. N’a-t-il pas un programme ou liste des Cours et des noms des professeurs ? Pourrait-il me procurer une affiche ou m’indiquer la date du journal où je les trouverais ? J’ai à faire là-dessus un article prochain, et c’est sur lui que je compte pour m’orienter. Je verrai aussi M. Souvestre. Quand Olivier fait-il sa première lecture ?

A vous de tout cœur, chère Madame.


Ce 16 septembre.

Chère Madame,

Je trouve en arrivant votre petit billet. Mon embarras est celui-ci : Comment puis-je être de quelque autorité au ministère de l’Instruction publique ? M. Génin, directeur de la division littéraire, est mon ennemi littéraire de tout temps. Je viens d’adresser ma démission au ministre qui, malgré une réponse polie qu’il m’a faite, ne saurait que ressentir la préférence que je donne à la Belgique sur la France républicaine[2]. Il est vrai que je connais M. Halévy, mon voisin, et que je puis lui parler, mais voilà tout. M. Halévy, quand il a donné ce conseil, ne

  1. Après la révolution de 1848, on avait imaginé de faire pour les ouvriers des lectures du soir. Olivier fut nommé l’un des lecteurs titulaires et chargé en même temps d’un des cours de langue et de littérature qu’on avait adjoints & ces lectures. Mais cela ne dura pas plus que l’école dite d’administration dont il est question plus loin.
  2. Sainte-Beuve avait donné sa démission de bibliothécaire à la Mazarine pour cette ridicule histoire de fonds secrets qu’il a racontée dans la préface de Chateaubriand et son groupe littéraire, mais je crois bien qu’il se fût démis sans cela, car, dès l’année 1840, il écrivait à Olivier : « Quand il y aura la République, ce qui. pourrait bien nous arriver, je m’en irai aussitôt d’ici, et m’enterrerai dans un clos du canton (de Vaud) où pourtant je n’ai pas été et ne serai point, hélas ! pasteur. »