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tissages ; environ 70 000 à la fabrication du drap et de ce qu’on nomme les « nouveautés. » Le Nord, terre privilégiée de toute industrie entre toutes les terres françaises, jouit, pour cette industrie encore, d’une sorte de privilège hérité des anciennes Flandres ; 3 filatures de laine, 7 peignages, 14 tissages, 21 fabriques de drap ou de tissus de nouveauté, 1 fabrique de peluche, 3 fabriques de couvertures, 1 fabrique de tapis, occupent plus de 500 ouvriers. Pareillement, la soie est l’apanage de la région lyonnaise. Elle occupe environ 136 000 personnes, dont plus de 80 000 au tissage et près de 20 000 au moulinage. 5 peigneries ou filatures de soie, 8 tissages, ont plus de 500 ouvriers.

Pour la teinture, l’apprêt, le blanchiment, l’impression, 10 établissemens occupent chacun plus de 500 ouvriers, sur les 50 000 qui vivent de ces travaux : ils sont à l’ordinaire voisins des filatures et des tissages, et l’on peut dire que, dans une certaine mesure, ils en dépendent, qu’ils ont partie et condition liées, que leur prospérité et leur existence même sont comme en fonction de la prospérité de l’industrie textile. Ainsi de toutes les branches latérales, de toutes les industries secondaires ou secondes ; des fabriques de bonneterie de l’Aube et de la Somme ; des fabriques de dentelles, guipures et broderies de la Haute-Loire, du Pas-de-Calais, des Vosges et de l’Aisne ; des fabriques de passementerie, lacets ou rubans de la Seine et de la Loire.

Mais, quoiqu’il ne soit pas une de ces industries diverses où l’on ne trouve quelque établissement de plus de 500 ouvriers, et qui par conséquent ne relève de la grande industrie, nous entendrons au sens le plus restreint, au sens propre, la filature et le tissage. Les monographies qui suivront seront donc celles de fileurs et de tisseurs, ou, pour être tout à fait exact, de filatures et de tissages, d’abord de lin, de jute, puis de coton, ensuite de laine et de soie. Telle est en effet, on se le rappelle, la méthode adoptée : dans le régime de la grande industrie, l’unité monographique, ce n’est ni l’individu, trop changeant et trop peu significatif, ni la famille, trop dissociée et d’ailleurs trop inégale ; la véritable unité, c’est l’usine.