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avait recouvré la disposition de son corps auxiliaire en même temps que la « mobilité » de sa politique. Zeycz présentait, à un mois de distance, le pendant et le complément de Tauroggen.

Le comte Stackelberg, ministre de Russie à Vienne avant la rupture, était toujours resté en communications avec Metternich et se tenait à portée. Metternich lui demanda une entrevue ; il entama aussitôt la procédure de l’intervention. Il ne manqua pas d’en instruire Otto, ce qui était un moyen de prendre acte du consentement de Napoléon et de s’installer dans l’indépendance ainsi dérobée. Il attribua l’initiative des pourparlers à Stackelberg. « C’est un grand pas, lui dit-il, que cette première démarche de la Russie. Comptez sur nous ; nous ne lâcherons rien, absolument rien… L’Empereur a ordonné de mobiliser 100 000 hommes, y compris le corps auxiliaire. » Il ajouta, afin de préparer Napoléon à la défection du corps auxiliaire, à des arméniens plus considérables, et à l’abrogation du traité restrictif de 1809 : « Jusqu’ici la guerre n’est pas autrichienne. Si elle le devient dans la suite, ce n’est pas avec 30 000 hommes, mais avec toutes les forces de la monarchie que nous attaquerons les Russes. »

Puis il envoya M. de Lebzeltern à la rencontre de l’empereur Alexandre, non pour l’arrêter, mais, tout au contraire, pour amorcer la négociation. En même temps, le comte de Wessenberg se mit en route pour Londres[1]. Les instructions données à ce diplomate jettent un jour oblique, mais pénétrant, sur les desseins de Metternich. Il subtilise sur les nuances : l’entremise et la médiation. « Comme puissance médiatrice, nous aurions à dicter les conditions de la paix. » Ils n’en sont qu’à l’entremise, mais « c’est aux puissances belligérantes elles-mêmes à sentir tout l’intérêt qu’elles ont de nous porter à étendre l’attitude de puissance simplement intervenante, et à la changer en celle de puissance médiatrice. » Il va plus loin : « Dès que Napoléon commence à craindre que nous ne changions notre attitude actuelle de puissance intervenante en celle de médiatrice armée, il est de l’intérêt naturel de la partie adverse d’accepter notre intervention pour nous faire passer au rôle de médiateur, auquel l’empereur François sera loin de se refuser dans la suite. » Quant aux bases de la paix, « il s’agit maintenant moins de bases

  1. Instructions de Lebzeltern, 8 février 1813. — Instructions de Wessenberg 8 février 1813.