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ont mis en doute la déclaration de l’horticulteur qui est le père de cette curieuse espèce et ont prétendu que le cytise d’Adam était un hybride obtenu par semis. Mais il offre une seconde particularité qui parait distinguer les hybrides de greffe des hybrides sexuels. Les fleurs de cet arbrisseau ont des ovules monstrueux et stériles, tandis que leur pollen est fertile. C’est l’inverse qui s’observe chez les hybrides obtenus par fécondation croisée[1].

Le néflier de Bronvaux, dont l’existence a été révélée pour la première fois en 1898, est un exemple non moins convaincant d’hybridation par la greffe. C’est un arbre très vieux, plus que centenaire, provenant d’un rameau de néflier greffé sur l’aubépine et qui présente une branche dont les caractères de feuillage, de floraison et de fructification sont intermédiaires entre ceux de l’épine et du néflier.

Ces exemples, entre beaucoup d’autres, peuvent servir d’illustration à la thèse que M. Daniel reprend aujourd’hui.


III

La greffe est un procédé de symbiose, c’est-à-dire « de vie commune » de deux plantes. Et, comme la vie en commun comporte les degrés d’intimité les plus divers, de même, la greffe présente différens degrés, depuis la simple soudure locale des deux végétaux par un tissu de cicatrice, jusqu’à l’emprunt par celui-ci de l’un des appareils végétatifs de celui-là, de ses racines, par’ exemple, ou de sa ramure.

Il y a donc greffe et greffe. La pratique de la greffe, ou, pour mieux dire, du greffage comporte toutes sortes de procédés. Quelques-unes de ces opérations sont familières à tout le monde ; telles sont celles qui s’exécutent communément sur les arbustes et les arbres de nos jardins, sur les rosiers et sur les arbres fruitiers. Il n’est personne qui n’en ait été témoin. Le jardinier transporte sur l’une de ces plantes un rameau détaché d’une autre ; il décapite, par exemple, un cognassier bien venu, et, pratiquant une fente au bout de cette tige tronquée,

  1. Caspary, en 1865, avait déjà invoqué cette particularité contre la supposition que le cytise d’Adam proviendrait de semis. Elle n’est pas sans exemple dans les semis, puisque E. Bornet l’a rencontrée chez quelques hybrides des cistes ; mais elle est très rare, et Guignard, qui fait autorité en la matière, déclare n’avoir jamais vu d’hybride obtenu par fécondation croisée qui, entièrement stérile par l’ovule, eût un pollen fertile.