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philanthropique, l’organisation de caisses d’épargne. Membre de la Chambre de commerce en 1827, conseiller municipal en 1828, Hansemann s’occupait des affaires publiques, élaborait des projets de réforme et se trouvait en lutte à peu près constante avec la bureaucratie, qui avait beaucoup perdu du caractère éclairé et libéral qui l’avait distinguée sous l’influence de Stein et de Hardenberg. Une petite mésaventure personnelle, qui lui arriva en 1825, lorsqu’il négociait à Berlin l’autorisation nécessaire à la Compagnie d’assurances contre l’incendie, montre les tracasseries auxquelles on était exposé à cette époque. Lorsqu’il voulut revenir à Aix-la-Chapelle, la police refusa de lui rendre son passeport, avant qu’il eût fourni la preuve qu’il avait acquitté ses impôts à Aix-la-Chapelle et qu’il n’avait pas fait à Berlin d’affaires défendues. Il n’avait pas emporté la quittance de sa patente de négociant et il dut remettre son départ de quelques jours, jusqu’à ce que la pièce réclamée lui eût été envoyée de la maison. Il se plaignit vertement au directeur général des contributions, et du traitement personnel qu’il avait subi de la part du Bureau des Etrangers et du tort fait en général aux affaires. Il reçut satisfaction : le règlement fut modifié.

Il se trouva en conflit avec la bureaucratie sur d’autres questions, d’une tout autre importance, comme lorsqu’il proposa la fondation d’une banque d’émission pour la province du Rhin, afin de venir en aide au commerce, à l’agriculture, à l’industrie. Une démarche qu’il fit auprès du roi de Prusse, en lui adressant, après la Révolution de Juillet, un mémoire sur les réformes nécessaires, n’était pas de nature à lui gagner les sympathies des hommes du gouvernement. Le Roi le fit remercier et transmit le mémoire au ministre de l’Intérieur, mais lorsqu’il s’agît d’accorder une dispense concernant la durée minimum de séjour à Hansemann, élu député suppléant d’Aix-la-Chapelle aux États provinciaux, cette dispense fut refusée. La perspective d’entrer dans l’Assemblée rhénane avait amené Hansemann à étudier de près la situation administrative et financière de la province : ne pouvant la discuter publiquement, il en fit l’objet d’un livre : La France et la Prusse, au point de vue politique et économique. Il y expose l’organisation fiscale et financière, en fait la critique raisonnée et ajoute le plan de réformes qu’il a soumis au Roi. Modéré et circonspect dans la forme, il examine les causes de mécontentement, les griefs des contribuables ; il