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REVUE LITTÉRAIRE

LA RENAISSANCE DU ROMAN SOCIAL

Les romans au sujet desquels nous voudrions présenter aujourd’hui quelques réflexions ont été d’abord publiés dans cette Revue : est-ce une raison pour que nous paraissions les ignorer ? Nous n’éprouverons pour notre part aucun embarras à en parler, et nous ne nous sentons nullement gênés pour le faire en toute simplicité et liberté d’esprit. Il y a plus : nous croirions commettre à leur endroit une espèce de déni de justice en les écartant systématiquement. D’où viendrait en effet que nous eussions le droit de nous entretenir avec le lecteur de toutes les œuvres, hors celles qu’on a jugées dignes de lui être offertes ici ? Et tandis qu’il n’est aucun recueil littéraire et presque aucun journal où celles-ci n’aient été louées, blâmées, discutées, attaquées, défendues, pourquoi serions-nous seuls à n’en pouvoir donner notre opinion ? Une partie de notre tâche consiste à suivre le développement de la « littérature qui se fait, » à en noter les directions et en éprouver à mesure les tendances ; nous ne saurions donc négliger un mouvement qui a déjà fait plus que de se dessiner, et qui est dès maintenant assez fortement accentué, pour qu’il y ait lieu d’en rechercher les origines et d’en marquer le sens et la portée. Considérons d’ensemble les dernières œuvres de MM. E.-M. de Vogüé, Paul Bourget, Edouard Rod, rapprochons des Morts qui parlent, l’Étape, le Maître de la mer, Un Divorce ou Un Vainqueur[1], nous

  1. Vte E.-M. de Vogué, les Morts qui parlent, 1 vol. in-12 (Plon) ; Le Maître de la mer, 1 vol. (ibid.) ; Paul Bourget, l’Étape, 1 vol. in-12 (Plon) ; Un Divorce, 1 vol. (ibid.) ; Edouard Rod, Un Vainqueur, 1 vol. in-12 (Fasquelle).