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LES MAISONS DE CAMPAGNE ROMAINES
SOUS
LA RÉPUBLIQUE ET L’EMPIRE

Il n’est aucun ami de Rome et des environs de Rome qui ne se rappelle avoir passé quelques heures délicieuses parmi les ruines de la villa d’Hadrien[1]. Elles se dressent à 25 kilomètres environ de la grande cité, au pied de Tivoli, le Tibur chanté par Horace, sur la première pente des Apennins, dans une situation des mieux choisies. Il faut aller s’asseoir, vers la fin du jour, à l’extrémité de la vaste plate-forme, jadis tout entourée de portiques, où l’empereur avait voulu imiter le Pœcile d’Athènes : la vue dont on jouit est superbe. Devant soi, l’on a, déployée dans toute son immensité, la plaine onduleuse de la campagne romaine, dont les vallonnemens prennent, sous les ombres grandissantes du soir, un relief plus accusé. Au milieu de l’étendue silencieuse, la Ville Eternelle détache les saillies de ses coupoles, les courbes de ses campaniles, et lance hardiment sur le fond d’or du ciel le dôme de Saint-Pierre, qui semble rayonner dans une gloire et n’apparaît jamais mieux qu’à cette distance et à cette heure ce qu’il a voulu être : le symbole de « l’Eglise triomphante. » Au loin, dans la direction d’Ostie, une ligne éblouissante de lumière, d’abord blanche, puis de plus en plus

  1. M. Pierre Guzman vient justement de faire paraître, en l’accompagnant d’une préface de M. Gaston Boissier, un ouvrage intitulé la Villa impériale de Tibur, où tout ce qui reste de la demeure d’Hadrien est soigneusement décrit, reproduit, commenté. On le lira avec autant de plaisir que de profit (Paris, Fontemoing, 1904).