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les anatomistes compétens : Krause, Waldeyer, Virchow, Luschan, Nehring, en Allemagne ; Milne Edwards, E. Perrier, Filhol, en France ; Cuningham et Turner, en Angleterre. A Berlin, les savans mirent en relief les raisons pour lesquelles l’anthropopithecus ne pouvait pas être un homme ; à Londres, on montra qu’il ne pouvait pas être un singe. Et ainsi fut rendue inévitable pour les transformistes la conclusion que cet être qui n’était ni un homme, ni un singe, devait être à la fois l’un et l’autre ; qu’il formait la transition du singe à l’homme, l’anneau manquant le « messing link » de la chaîne qui relie l’espèce humaine à l’animalité. E. Dubois assignait à l’anthropopithèque une taille de 1m, 70. M. Manouvrier a réduit cette estimation. La mesure du fémur permet d’attribuer à ce précurseur, à ce premier ancêtre de l’homme, une stature de 1m, 65 environ, qui est la stature moyenne des Européens.


Après l’homme tertiaire, ainsi passé à la toise par M. Manouvrier, il fallait s’attaquer à l’homme quaternaire. La tâche de reconstituer de la même façon la taille de l’homme quaternaire est incombée à M. Rahon[1]. Le plus ancien des exemplaires de cette époque est le squelette de Neanderthal. Ces ossemens furent trouvés, en 1857, dans une caverne calcaire de Neanderthal, entre Dusseldorf et Elberfeld. Les premières mesures, exécutées par le professeur Schaafhausen, montrèrent que les proportions relatives des membres étaient celles d’un Européen de taille moyenne, ou un peu au-dessous de la moyenne. Le chiffre de Schaafhausen était de 1m, 601 : le nombre de Rahon est 1m, 613, qui se confond presque avec le précédent.

Il serait oiseux d’entrer dans le détail des mensurations analogues exécutées sur tous les ossemens humains de l’époque quaternaire, dont MM. L. Manouvrier et Rahon ont pu avoir entre les mains les originaux ou les moulages. Ils ont évalué à 1m, 610 la taille de l’homme de Spy, et à 1m, 720 celle de l’homme trouvé dans le lehm de Lahr. Celui-ci, comme on le voit, appartenait au groupe des hommes de haute taille. — Le troglodyte de Chancelade, trouvé dans des couches plus

  1. Il est utile d’indiquer que les nombres que nous donnons ici sont ceux du « sujet en chair » et non du squelette. Ils expriment la taille du cadavre, supposé étendu et couché sur le sol. L’homme debout et vivant mesurerait 2 centimètres de moins.