Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 23.djvu/221

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

En ce qui concerne la France, l’examen des squelettes trouvés dans les cimetières gaulois et gallo-romains de Vert-la-Gravelle, de Jonchery et de Mont-Berny a révélé des tailles de 1m, 66 chez les hommes, et de 1m, 55 chez les femmes. Les populations franques inhumées dans les sépultures de la Marne avaient une stature de 1m, 67 ; celles du cimetière de Ramasse, dans l’Ain, que M. de Mortillet a considérées comme des Burgondes, mesuraient 1m, 666 pour les hommes, et 1m, 538 pour les femmes. La stature moyenne de ces populations, qui, à l’époque gallo-romaine, occupaient le sol de la France, était un peu supérieure à la nôtre ; mais elle l’était beaucoup moins qu’on n’aurait pu s’y attendre, d’après ce que disent les historiens. C’est toujours la même conclusion qui revient, avec la régularité d’un refrain après chaque couplet d’une chanson : invariabilité presque absolue de la stature dans la période proto-historique, comme dans l’âge précédent.


Les dernières recherches de M. Rahon sont relatives à la population parisienne, examinée entre le IVe et le XIe siècle. Le cimetière Saint-Marcel, a fourni un dernier abri à des hommes du Ve et du VIe siècle : le cimetière de Saint-Germain-des-Prés avait servi de lieu de sépulture à une population plus récente qui vivait, selon toute vraisemblance, au Xe et au XIe siècle. La comparaison et la mensuration des ossemens provenant de ces deux nécropoles, ont montré que les tailles moyennes, masculine et féminine, sont absolument identiques dans les deux cas. A Saint-Marcel, comme à Saint-Germain-des-Prés, elles sont de 1m, 677 pour les hommes, et de 1m, 575 pour les femmes. Ce résultat donne matière à deux observations. La première c’est que, dans ce laps de six siècles, la stature moyenne des Parisiens s’est maintenue avec une fixité remarquable. La seconde observation est relative à la comparaison avec le temps présent. Il y a presque 1 centimètre (7 millimètres) de différence, au profit des Parisiens du moyen âge. C’est à la fois très peu de chose et beaucoup. Cette majoration s’explique parce que les ossemens qui ont été mis de côté, gardés dans les collections et finalement soumis à la mensuration, étaient les mieux conservés, les plus solides et ceux, par conséquent, qui, ayant mieux résisté aux causes de destruction, prouvaient, par cela même, qu’ils avaient appartenu à des sujets choisis. Une circonstance de ce genre est bien