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LE GOUVERNEMENT
DE LA
DÉFENSE NATIONALE

LA CONQUÊTE DE LA FRANDE
PAR LE PARTI RÉPUBLICAIN
III.[1]


I

Le plus superbe des portiques ouverts par la France sur l’univers est Marseille. Elle conduit à l’Orient et déjà le commence, assise, dans la blancheur du rivage, entre le double azur de la mer et du ciel, et baignée par la profondeur de la lumière, comme par celle des eaux. Là, selon les vents qui soufflent, se succèdent les climats de l’Europe, de l’Afrique et de l’Asie, là s’accumulent les richesses de ces continens, là se mêlent leurs races. Les peuples dont les échanges donnent la vie à ce port y sont représentés à demeure par des colonies, et les navires de tous pays y amènent, durant leurs escales, une multitude passagère, pour laquelle semble fait le terme de population flottante. Là est l’originalité, l’attrait et, à certains momens, le danger de cette ville.

Si, dans le privilège qui assemble le charme et la richesse de plusieurs pays, tout est faveur, le mélange des races ne met pas en commun que leurs dons. Les colonies permanentes comptent une élite de négocians riches, habiles, exemplaires, mais aussi

  1. Voyez la Revue des 15 août et 1er septembre.