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REVUE SCIENTIFIQUE

LES NAINS DEVANT LA MÉDECINE


I

Qu’est-ce qu’un nain ?

Le vulgaire, et d’accord avec lui, les lexicographes, les Historiens, les naturalistes même comme E. Geoffroy Saint-Hilaire, disent qu’il faut entendre par-là des hommes, d’ailleurs parfaitement proportionnés, constitués et sains, mais dont la taille est notablement inférieure à la moyenne. Par exemple, dans nos races européennes, on est un géant au-dessus de six pieds, un nain au-dessous de quatre Prenons un homme ordinaire, bien conformé de l’aveu de la statuaire, de l’anatomie et de la physiologie ; réduisons-le également dans toutes ses dimensions, nous aurons le nain. C’est le type normal vu par le gros bout de la lunette.

Voilà l’opinion commune. Interrogeons maintenant une autre cloche, nous aurons un autre son. Demandons à la médecine du jour ce que sont les géans ou les nains ; elle répondra que ce sont des malades. Le gigantisme est une maladie, le nanisme en est une autre. Avec une stature au-dessus de deux mètres, ou au-dessous d’un mètre vingt-cinq centimètres on est mis en réforme : on n’a plus le droit de se croire normal et bien portant. Au-delà et en deçà de ces limites, la créature humaine est le fruit d’un travail morbide : elle n’est plus le résultat d’un développement régulier réalisant, dans sa pureté et dans sa plénitude, le type de l’espèce. Elle devient un dystrophique, c’est-à-dire un être à nutrition aberrante, déviée, pervertie ; la pathologie le