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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




30 septembre.


Le scepticisme inquiet, un peu découragé même, que nous montrions, il y a quinze jours, au sujet des efforts tentés pour mettre fin à la grève de Marseille, n’a été que trop justifié par les faits. Le dernier incident qui s’est produit est bien de nature, on en conviendra, à inspirer des appréhensions : nous voulons parler du rejet de la sentence d’arbitrage par les dockers et par les charbonniers. Les dockers et les charbonniers avaient formellement accepté l’arbitrage de M. Magnan, ancien président de la Chambre de commerce : dès lors, on a cru tout terminé. Mais, la sentence une fois rendue, ils ont jugé qu’elle ne leur donnait pas une satisfaction suffisante, et l’ont repoussée : cela n’est pas fait pour arranger les choses.

Il y a eu, jusqu’à ce jour, trois périodes dans le développement de cette malheureuse grève, et à chacune se rattache le nom d’un homme de bonne volonté qui a essayé de la clore : le premier est celui de M. Le Mée de la Salle, le second celui de M. Charles-Roux, le troisième celui de M. Magnan. M. Le Mée de la Salle a été bientôt mis hors de combat : nous avons rendu hommage à son courage, mais il ne se doutait évidemment pas, lorsqu’il a entamé sa tâche, de toutes les difficultés qu’il devait y rencontrer. Son œuvre n’a pourtant pas été inutile, loin de là ! elle a contribué à éclairer la situation. C’est déjà quelque chose que d’avoir relevé les écueils d’une mer démontée. Après lui est venu M. Charles-Roux, dont tout le monde connaît la compétence et la décision, et qui a certainement poussé la conciliation aussi loin que possible. Il a reçu, à cet égard, un témoignage qui n’est pas suspect, car c’est celui de M. Pelletan. Ce qui aurait