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L’ŒUVRE
DE
PIERRE DE RONSARD

Cinq livres d’Odes, parmi lesquelles il y en a de toutes les sortes et de tous les modèles : de « Pindariques » et d’ « Horatiennes, » d’ « Anacréontiques » et de « Catulliennes, » de courtes et de longues, de familières et de solennelles, de guerrières et d’amoureuses, d’ironiques et de sentimentales, de triomphales et de satiriques ; — six ou sept livres d’Amours, qui font ensemble quelque huit mille vers, pour Cassandre, pour Marie, pour « Astrée, » pour Hélène, pour « diverses, » où l’érudition et la sensualité, la tendresse et la raillerie, la galanterie, le « grand goût » et le mauvais, on peut même dire souvent le pire, la préciosité, la mélancolie, la joie d’aimer, l’orgueil d’être poète, le chagrin de vieillir s’expriment par les nuances d’une langue, tantôt plus âpre et tantôt plus coulante, ou tantôt plus claire et tantôt plus obscure, mais toujours éclatante et sonore ; — deux livres d’Hymnes, c’est-à-dire de récits épiques, où le poète, à force de vivre dans la fréquentation des anciens, semble, en vérité, redevenu l’un d’eux, et, comme eux, invente des mythes ; — deux livres de Poèmes, que l’on pourrait appeler les caprices de son imagination vagabonde, les loisirs, ou, comme on disait alors, les « gayetés » d’une verve qui se déborde, et qui volontiers retourne à cette gauloiserie dont presque aucun de nos grands poètes n’a su entièrement se défendre ; — quatre chants, ou six mille vers, d’un poème épique inachevé ; des Élégies, des Épigrammes, des Mascarades, des Épitaphes, les éloquens