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Messieurs, le système politique en question consiste dans la subordination de tous les corps, de toutes les institutions, quelles qu’elles soient, à la suprématie de l’État républicain et laïque. Il a pour base, en thèse générale, le principe fondamental de la Révolution, la souveraineté nationale pour formule dernière, et pour conclusion la sécularisation complète de la société. La République de 1870 a débarrassé la France de la dernière forme de la monarchie. Le ministère actuel entend que la République de nos jours l’affranchisse absolument de toute dépendance, quelle qu’elle soit, à l’égard du pouvoir religieux.


Et puis ? Et puis, rien ! Rien avant, rien après, rien à côté, rien dessous. Quoi ! c’est là « le système politique du gouvernement ? » On a beau avoir étudié, par goût ou par profession, les « systèmes politiques, » on ne trouve pas là-dedans le moindre système ; ce n’est qu’un rabâchage vide ; et, s’il est vrai, comme M. Combes s’en vante, que « le succès couronne depuis plus de deux ans ce système politique, » que le suffrage universel le ratifie, que le pays l’approuve, c’est cela alors qui devient grave, car cela juge la capacité d’un peuple à se régir en démocratie. Mais plutôt, puisque ce n’est pas un système, puisque ce n’est pas une politique, puisque le gouvernement lui-même n’est pas un gouvernement, qu’est-ce donc que le pays approuve, que le suffrage universel ratifie, que le succès consacre ? Qu’est-ce qui se cache derrière cette absence de système, de politique, et de gouvernement ? Et, ne donnant à la France pas un brin, pas un grain de ce dont il semble qu’elle ait vécu jusqu’ici et qu’elle doive vivre, pas d’action et pas d’idées, qu’est-ce qu’on donne, en échange, à la majorité ?


II

Une politique « essentiellement agissante » se connaît à ses actes, et ces actes eux-mêmes se qualifient par leurs résultats. Quels sont, — c’est maintenant la question, — les résultats de cette politique « pratiquée, depuis plus de deux ans, avec un esprit de suite que personne ne contestera, attaquée dans le même laps de temps par tous les partis d’opposition avec un acharnement qu’on ne contestera pas davantage ? » Il serait facile de former, à l’aide de découpures prises sur le vif dans les journaux, un recueil des actes du ministère, et ce recueil serait sûrement édifiant. Quiconque, depuis plus de deux ans que