Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 23.djvu/905

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sa lenteur, de tous les retards et des excursions aux villes enfoncées dans l’intérieur, loin de la ligne. J’arrivai sain et sauf à Port-Arthur. J’y restai deux jours, et visitai aussi Dalny.

Port-Arthur est une simple station militaire à l’extrémité de la presqu’île de Liao-tung. C’était le principal arsenal maritime de la Chine ; mais, après la guerre avec le Japon, ses défenses et ouvrages militaires furent détruits. Quand la Russie, en 1898, obtint à bail les deux places, Port-Arthur ou Liou-choun-tching et Dalny ou, comme on l’appelait, Ta-lien-wan, elle entreprit d’abord de faire de la première une grande forteresse navale et militaire. L’ensemble de la place est sous le commandement d’un amiral qui commande en chef les troupes et les forces navales. Il a sous ses ordres un double état-major d’officiers de terre et de mer comprenant : le commandant du port, le chef de l’état-major naval, le chef de la brigade des fusiliers, le chef de l’artillerie, le chef du service des ingénieurs, le chef du service de l’intendance, le chef des ports, le chef de la division des torpilleurs, le premier adjoint du commandant du port et le second adjoint, le commandant du port de commerce, les aides de camp du gouverneur général, le gouverneur civil, l’agent diplomatique, le secrétaire des finances, le chef de la police. Incontestablement, Port-Arthur a une administration très compliquée, et du premier jour, on eut dessein d’en faire le Kronstadt d’Orient ou la citadelle asiatique du grand empire. La place est couverte de fortifications, ainsi que les collines qui l’entourent, et on m’a assuré maintes fois qu’il serait tout à fait impossible de la prendre par mer. Ce ne sont partout qu’arsenaux, dépôts de torpilles, casernes et campemens. On n’essaie nullement de dissimuler que Port-Arthur est un port militaire, et il n’est pas jusqu’aux quelques maisons de commerce, comme la Compagnie des chemins de fer de l’Est chinois ou la Banque russo-chinoise, qui ne soient prêtes à servir aux desseins militaires.

Une nouvelle ville s’élevait en même temps pour les besoins du commerce, celle qu’on appela Dalny. Elle est située sur la baie de Ta-lien-wan, au nord-est de Port-Arthur. Le territoire, comme nous l’avons dit à propos de Port-Arthur, fut cédé à bail par la Chine, et on doit y établir un port franc qui sera relié par le chemin de fer de Mandchourie avec Vladivostock, Moscou, la Mer-Noire et la Baltique. Il pourra devenir le grand débouché commercial en Extrême-Orient. Large d’environ six milles et