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Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 27.djvu/95

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LE
MÉCANISME DE LA VIE MODERNE

PORCELAINES ET FAÏENCES

Les Français d’aujourd’hui mangent tous dans la même assiette, je veux dire dans des assiettes à peu près pareilles. La science et l’industrie ont assez renouvelé le domaine de la vaisselle et en ont assez démocratisé le luxe pour que, de l’archimillionnaire au paysan, les assiettes qui paraissent sur nos tables, depuis les plus chères jusqu’à celles qui coûtent le meilleur marché, semblent de matière et d’aspect peu différens les unes des autres.

Il n’en allait pas ainsi autrefois ; chaque classe usait de types nettement tranchés : les riches, de l’assiette d’argent ; les bourgeois, de l’assiette d’étain ; le peuple, des assiettes de terre ou de bois. La domesticité n’en avait pas d’autres chez les princes. A la réception de Philippe de Valois par le Duc de Bourgogne, il est acheté 20 000 écuelles de bois « pour la suite. » Ces quatre sortes de vaisselles ont été universellement abandonnées. Et, comme toutes les bonnes révolutions dues à la science et à l’industrie, celle-ci s’est faite sans violence ni contrainte, sans lois somptuaires ni préoccupations de nivellement. Elle s’est faite spontanément, parce que chacun, grand ou petit, y trouvait avantage. Certes il subsiste encore, quant à la valeur vénale et au mérite artistique, autant de distance, et peut-être davantage,