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Empereurs macédoniens (867-1057), les héros de cette « Épopée Byzantine, » dont MM. Rambaud, Schlumberger, Bayet, Diehl, Jules Gay nous ont exposé la grandeur. En Italie même, le rôle le plus continu et le plus durable appartient alors aux moines grecs. A deux reprises, par deux côtés, fuyant, d’abord, les persécutions des briseurs d’images dans leur pays, puis, celles des Sarrasins en Sicile où quelques-uns s’étaient installés, les caloyers s’en viennent chercher des refuges dans les hauteurs escarpées et les forêts touffues de la Calabre. Là, ils se suivent en si grand nombre, là ils attirent, autour d’eux, une telle quantité de paysans et de pauvres diables terrorisés par les incursions barbares, que, dans le seul royaume de Naples, on comptera aux XIIe et XIIIe siècles, cinq cents établissemens basiliens. Ces établissemens, sans doute, sont d’importance fort inégale. Un bon nombre ne sont que des grottes, naturelles ou artificielles, creusées aux flancs du sol, sur les sommets les moins accessibles. C’est là que les plus exaltés de ces solitaires, les reclus, voués à la méditation et aux austérités, nourris du pain et des légumes envoyés par la maison mère, y languissent et s’éteignent en odeur de sainteté. D’autres, les ermitages, ne sont encore que des grottes ou cabanes, mais entourés d’un petit champ dont la culture doit nourrir l’habitant ; ils sont occupés par les anachorètes. Reclus et anachorètes, tous dépendent des couvens, établis en des sites moins sauvages, où vivent, en commun, les cénobites. La règle exige d’eux, à la fois la prière et l’action, les contemplations pieuses devant les grandeurs de la nature et le travail des mains qui féconde l’œuvre vivante de Dieu.

Cette organisation monacale, si conforme aux exigences matérielles et morales des circonstances et contemporaine de la réorganisation administrative due aux fonctionnaires byzantins put donner à cette seconde hellénisation une extraordinaire durée. Un Catapan grec, siégeant à Bari, gouvernera la région jusqu’à la prise de cette ville par les Normands (1053). Deux provinces, la Basilicate et la Capitanate, plusieurs villes, Troja, Rocca, Niceforo, des rivières même, le Serropotamo, etc., garderont toujours leurs noms grecs. Au XIIIe siècle encore, sous les Angevins, on y parlera le grec, et la papauté romaine se devra résoudre à laisser le culte s’y pratiquer suivant le rite oriental. Les tremblemens de terre et les dévastations n’ont rien laissé subsister des édifices grecs antérieurs au XIIe siècle, mais, alors,