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britannique. L’un et l’autre sont liés par des traités ; ils sont à peu près indépendans pour l’administration de leurs États, mais doivent marcher absolument d’accord, pour les questions de politique extérieure, avec le gouvernement britannique. Ils se sont engagés à ne prendre à leur service aucun Européen ou Américain sans son agrément et sont obligés à fournir, en cas de besoin, des contingens. C’est du Népal que le gouvernement indien retire ses meilleures recrues pour ses régimens indigènes. Quant à l’État de Cachemire, son existence, comme État distinct, n’est plus guère aujourd’hui qu’une fiction. Depuis 1889, le maharajah de ce pays a été virtuellement dépossédé de son autorité. L’administration est devenue, pour ainsi dire, anglaise, et il faut dire que c’est pour le bien du pays : le système des impôts a été remanié, l’état social des laboureurs et des artisans a été grandement amélioré, et les cultures ont progressé. En même temps les troupes cachemiriennes ont été placées sous le commandement britannique et leurs états-majors composés d’officiers anglais. Ces troupes sont devenues l’un des plus précieux instrumens de l’influence anglaise au nord de l’Himalaya, et c’est grâce à leur concours que les territoires avoisinant l’Indou-Kouch, le Gilghit, le Nazar, le Hanza ont été occupés récemment, en même temps que le Tchitral était définitivement incorporé à l’empire indo-britannique. Le recensement de l’Inde de 1891 classe le royaume parmi les États directement tributaires en y comprenant les territoires du midi du Turkestan jusqu’aux sources du Dag-nin-bach, branche gauche du Yarkand, puis la rive gauche du Ruskem-Daria, branche droite de la même rivière, et, plus à l’est, partie de la rive gauche du Karakach, donnant ainsi à l’Inde une bonne partie du bassin du Tarim. Il y comprend aussi le Petit Thibet et le Moyen Thibet. De ce côté, les limites restent fort hypothétiques, la ligne politique de partage entre le Grand Thibet et le Moyen Thibet ayant été déterminée simplement d’après les renseignemens recueillis sur la répartition des pâturages d’été de ces montagnes entre les bergers du Moyen et ceux du Grand Thibet. Le tracé de cette section, passant à travers d’immenses plateaux désertiques d’une hauteur de cinq mille mètres et plus, stériles, inhabités, sans autre eau que des lacs salés, n’est pas net, et peut être le point de départ de contestations territoriales et d’empiétemens ultérieurs sur le Grand Thibet.