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le moteur à deux temps peut être avantageusement remplacé par le moteur à quatre temps : aspiration, compression et explosion, détente, expulsion des gaz.

Ne nous faisons pas d’illusions, cependant : tandis que la marche du moteur à deux temps est facile et régulière, car le mélange explosif peut produire un effet utile pendant un temps sur deux, celle du moteur à quatre temps, malgré l’emploi de volans puissans, ne peut arriver à une absolue régularité. Mais ce grave défaut des quatre temps s’atténue à mesure que la vitesse augmente et leur rendement est, en somme, si rémunérateur, que c’est par eux, il faut le reconnaître, que les moteurs à explosion ont pu faire victorieusement leur entrée, non seulement dans l’industrie automobiliste, mais encore dans la grande industrie. Seulement, comme la voiture automobile exige, avant tout, un moteur à la fois robuste, léger, puissant, et, en même temps, aussi bien équilibré et aussi bien réglé que possible, il ne fallut pas moins de vingt-quatre ans pour arriver à un résultat pratique et définitif, car, il ne faut pas l’oublier, tous les moteurs de nos automobiles ont, comme origine, les uns le moteur Benz, les autres le moteur Daimler, inventés seulement en 1886.

À cette époque, d’ailleurs, l’automobilisme sur routes passionnait déjà tellement certains esprits, qu’à peine inventés, ces deux moteurs reçurent une application immédiate. En Allemagne, on s’empressa d’actionner, à l’aide d’un moteur Benz, monocylindrique, horizontal, muni d’un carburateur à évaporation, un tricycle à deux places, et on ne tardait pas à remplacer ce monocylindre par un bicylindre. De son côté, le moteur monocylindrique et vertical de Daimler, avec carburateur à pulvérisation, était appliqué à un petit tramway qui figura à l’Exposition universelle de 1889, et fut remplacé bientôt, lui aussi, par le fameux moteur à deux cylindres inclinés, qui devait établir définitivement la réputation de son constructeur. On conçoit facilement, du reste, l’avantage d’un moteur bi-cylindrique : il est aisé d’en combiner les organes de façon qu’une explosion se produise à chaque rotation de l’arbre, c’est-à-dire pendant un temps sur deux ; la marche devient alors plus facile, plus régulière et, point important, elle n’exige, toutes choses égales d’ailleurs, qu’un volant deux fois moins puissant que celui d’un monocylindre.

Il est certain que l’invention du Benz et du Daimler donna