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Aujourd’hui, chantante, vivante,
Je suis aussi seule que vous
Dans cette nuit au parfum doux
Où l’arbre indolemment s’évente ;

Je suis, dans cette obscurité,
Moins que le saule et que le lierre,
Que les reflets sur la rivière,
Que le chant d’un oiseau d’été. »

Vers mon âme où le rêve abonde
Nul-cœur ne jette ses liens.
Mais du balcon où je me tiens
Comme il fait tendre sur le monde !...


ORGUEIL EN ÉTÉ


Cette belle fin de journée
Entre en moi comme un hymne d’or,
Je ne crains plus même la mort.
Il me suffit que je sois née !

Un fervent orgueil tout à coup
Gonfle de tendresse mes veines ;
Une existence n’est pas vaine
Quand le cœur est si haut, si doux !

L’arbre qui sent croître ses branches
Doit goûter ce ravissement.
Lorsqu’il voit le beau firmament
Plus près de ses floraisons blanches.

Mon cœur ce soir est un azur
Où l’humain triomphe s’élance ;
Je porte en moi toute ma chance
Comme un flambeau puissant et pur.

Et voici qu’en mon rêve éclate
O Siegfried ! ton chant écarlate,
Quel est mon désir ? mon espoir ?