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marins), du moins d’un cuirassé à grande vitesse dont les caractéristiques satisferont à la formule que voici : porter le plus vite possible, sur le point décisif de l’action, l’artillerie la plus puissante et la mieux protégée.

Nous avons ici la ferme assurance de n’être démenti ni par les Russes, qui eurent à subir, le 27 mai, les soudaines et furieuses attaques de cette division Kamimoura, qui semblait se multiplier, ni par l’amiral japonais, qui osa ranger contre des cuirassés d’escadre ces bâtimens à cuirassemens minces que tant d’autres n’eussent considérés que comme de puissans éclaireurs.

Malheureusement pour nous, Français, qui sommes obligés de faire front du côté du continent aussi bien que du côté de la mer et sur qui pèse de plus en plus lourdement le faix de nos constructions, la réalisation de la formule que nous posions tout à l’heure ne va pas sans une augmentation sensible et dont on ne peut prévoir le terme, du déplacement et du prix de revient de l’unité de combat. 14 000 ou 15 000 tonnes, disions-nous ? Ce ne sera probablement pas assez. Les Américains, les Anglais, les Japonais eux-mêmes en sont déjà à 16 500 tonnes et on annonce la mise en chantiers, en Angleterre, d’un cuirassé nippon qui atteindrait 19 000 tonnes.

Ah ! si nos vœux pouvaient avancer la solution des problèmes épineux qui retardent la mise en jeu dans la guerre du large des grands sous-marins, les seuls véhicules réellement appropriés de la torpille automobile, nous aurions la double satisfaction de n’être pas obligés de construire des « mastodontes » et de menacer l’existence de ceux de nos rivaux. Nous serions, nous pourrions être du moins, ces « faibles, » à la fois ingénieux, avisés et résolus que le « fort » est, un temps, contraint de respecter. Mais l’illusion n’est pas possible, et elle serait dangereuse. Ce n’est pas dans quelques années qu’il faut que nous soyons prêts à lutter, aussi bien sur les mers lointaines que sur celles qui baignent nos côtes ; c’est tout de suite, demain peut-être, — nous en avons eu, récemment encore, l’impression bien nette, — et dès lors ce n’est point non plus sur des méthodes de guerre mal définies, sur des engins hypothétiques, sur des « avant-projets » de types absolument nouveaux que nous pouvons faire reposer notre sécurité et l’honneur de nos armes.

Passerons-nous maintenant du général au particulier pour signaler, par exemple, l’insuffisance des blockhaus, leur danger