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causes finales et d’un livre intitulé Que sais-je ? Examen de conscience philosophique. Il a publié en tête d’une traduction en vers du premier livre de Lucrèce une longue Préface qui a été remarquée et louée par Renouvier. « Ce travail, disait de son côté Scherer, est tout simplement l’un des essais les plus hardis, les plus rigoureux et les plus lucides que la spéculation contemporaine ait produits. Que le même écrivain ait écrit les Solitudes et rédigé la Préface dont je parle, c’est l’un des faits extraordinaires de notre temps. » J’ai peur qu’on n’en puisse dire autant de son récent ouvrage sur la vraie Religion selon Pascal. La livre, à dire vrai, est moins un livre qu’un recueil d’études composées à des dates différentes et parfois, à ce qu’il semble, d’inspiration assez diverse. De là des redites et un certain manque d’unité que l’auteur, — qui est le scrupule et la probité mêmes, — n’a point cherché à masquer ou à faire disparaître, mais qui nuisent un peu à la parfaite clarté de l’ensemble.

On peut distinguer dans cet ouvrage trois principaux élémens : d’abord, un nouvel essai de restitution de « l’ordonnance purement logique » des Pensées relatives à la religion ; puis, une étude sur la « psychologie » de l’auteur des Provinciales ; et enfin, un jugement sur la « religion » de Pascal et sur le dogme catholique. La restitution tentée par M. Sully Prudhomme est intéressante, comme toutes les tentatives du même genre ; mais, comme toutes les tentatives du même genre aussi, elle comporte une large part de « subjectivisme ; » et, dans l’ensemble, elle paraît moins satisfaisante que celle de M. Brunschvicg, laquelle, d’ailleurs, on ne sait trop pourquoi, a l’air d’être ignorée du poète. Ses réflexions sur Pascal ne manquent parfois ni d’ingéniosité, ni de pénétration : on les voudrait seulement plus liées et exprimées sous une forme plus ramassée et plus vigoureuse. Mais c’est surtout dans la discussion des théories pascaliennes et des conceptions chrétiennes que ce travail paraît contestable, et, pour dire le mot, assez faible. Il y aurait, pour et contre le catholicisme, autre chose à dire que ce qu’en a dit M. Sully Prudhomme. Il est trop facile, pour critiquer tel ou tel dogme, d’en aller chercher la définition dans le Catéchisme du diocèse de Paris, et, sans autrement s’enquérir des interprétations et des commentaires de la théologie traditionnelle, des explications de la théologie positive, de raisonner sur cette simple formule, et d’en faire apparaître ce qu’on croit y voir d’intime