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catholicisme par Pascal. Peu après l’édition Faugère, il avait proposé à Cousin de publier en collaboration avec lui les Pensées dans l’ordre indiqué par Etienne Périer. Le projet n’avait pas abouti ; mais Pascal n’en était pas moins demeuré l’un de ses auteurs favoris, l’un de ceux avec lesquels il avait le plus vécu. La mort, malheureusement, si elle lui a laissé le temps d’achever son livre, ne lui a pas permis de le revoir et d’en corriger les épreuves, ni, par conséquent peut-être, de le porter à son dernier point de perfection. Tel quel, l’ouvrage est d’un réel intérêt. D’abord, l’étude de l’œuvre scientifique de Pascal y a été confiée à un spécialiste, le lieutenant Perrier, dont les observations viennent très heureusement compléter les indications trop brèves du chapitre de Joseph Bertrand sur Pascal géomètre et physicien. Nous y voyons très clairement que si, par son œuvre proprement dite, Pascal n’est que « le premier parmi les seconds, » par la puissance et la capacité du génie il est au tout premier rang des grands savans, et de la race même des Descartes et des Newton. Quant au travail propre de Hatzfeld, il témoigne, çà et là, peut-être avec quelque excès, d’une double préoccupation. En « soumettant au contrôle des textes les différentes opinions » qui ont cours sur le compte de Pascal, il a été très frappé de l’unité et de la continuité que lui ont paru présenter la vie et la pensée du grand écrivain ; et c’est cette unité et cette suite qu’il s’est particulièrement efforcé de mettre en lumière. L’idée ne laisse pas d’être assez juste ; mais, pour se donner plus complètement raison, n’est-il pas arrivé au biographe d’atténuer un peu ce que nous croyons savoir de « la période mondaine » de la vie de son héros ? D’autre part, à l’inverse de M. Souriau, Hatzfeld a cru voir entre les idées des jansénistes et celles de Pascal plus d’oppositions que de ressemblances, et il essaie d’établir l’entière « conformité de l’Apologie à la doctrine de l’Église. » Dût-on trouver que, sur ce point encore, il exagère quelque peu, il y a lieu de tenir compte de ses observations, qui sont d’un homme très informé des questions religieuses. Et d’ailleurs, si Pascal revenait au monde, lui qui se proposait, au témoignage de Nicole, d’adoucir et d’humaniser la dure doctrine janséniste de la grâce, il est vraisemblable qu’il approuverait mieux cette interprétation que celle de M. Souriau.

Le livre d’Adolphe Hatzfeld fait partie, avons-nous dit, de la Collection des Grands Philosophes. On a, de nos jours, une