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LA
DOMINATION FRANÇAISE Á ROME
DE 1809 Á 1814

Du 10 juin 1809 au 19 janvier 1814, Rome fut, officiellement, une ville française, le chef-lieu d’un des 130 départemens qui composaient l’énorme empire de Napoléon. Un sénatus-consulte la proclama seconde ville de l’Empire et lui promit comme roi l’héritier avenir de la couronne impériale.

Tandis que son souverain déchu, le pape Pie VII, retenu captif à Savone, puis à Fontainebleau, s’obstinait dans une protestation, que certains déclaraient funeste et que tous estimaient stérile, de hauts fonctionnaires, envoyés de Paris, s’efforçaient de doter des institutions et des mœurs françaises la Ville Eternelle.

Aussi bien, en y instaurant ce fameux « système français » que, depuis 1793, les soldats de la Révolution promenaient à travers l’Europe, ces agens de César estimaient de bonne foi travailler à une restauration : ils entendaient ressusciter la « Rome des Consuls et des Empereurs. »

Nourris de maximes et d’images antiques par une éducation toute classique, les Français, admirateurs nés de Corneille, avaient naguère fait une révolution à la romaine, élevé des rostres où, dix ans, l’on avait parlé romain, et, après avoir ainsi exalté Brutus et les Gracques, ils avaient fait des Consuls et un César. Ils s’estimaient les vrais héritiers de la Rome antique.

Cette Rome, dont un Marie-Joseph Chénier, un Talma, un David leur traçaient un type conventionnel et en grande partie faux, ils croyaient qu’elle n’était point morte, mais qu’elle s’était